De l'île de la Réunion à Rochefort : journal du voyage en mer de Julie Desgravelles-Bérar, avril-août 1828

Recension rédigée par Josette Rivallain


            Monique Le Hénaff présente ici un journal conservé aux Archives départementales de Charente-Maritime où il a ait été remis en 1932. Ce dernier a été écrit par Julie
Desgravelles-Bérar d’avril à août 1828, au cours du voyage qui la conduisait de l’Île Bourbon à La Rochelle. Alors, le récit de voyage correspond à un mode littéraire. L’écriture, difficile à lire, a dû suivre les mouvements du navire.

            Son auteur est une jeune femme créole cultivée, née à La Réunion d’un père médecin, où elle avait passé sa jeunesse. Sa famille était implantée depuis plusieurs générations dans l’Océan Indien, y connaissant une vie mouvementée. Julie Desgravelles-Bérar quitta son île pour accompagner son mari, issu d’une famille d’officier de marine, commis de la Marine, nommé à Rochefort, où elle vivra un demi-siècle. Ce journal est une conversation à sens unique au cours de laquelle l’auteur décrit la traversée, destinée à la fois à ses parents et à atténuer l’éloignement. Sa famille n’en prendra jamais connaissance.

            Le navire est un trois-mâts, navire marchand propriété d’une maison de commerce du Havre, comptant 22 hommes d’équipage et 20 passagers, transportant une cargaison de sucre et de café. Il n’y eut qu’une escale, à l’île de Sainte-Hélène, ce qui permit à l’auteur de visiter le tombeau de Napoléon, de décrire l’île et ses habitants.

            Cette jeune femme sensible, mère d’un jeune enfant voyageait avec deux couples amis dont les femmes étaient demi-sœurs, et leurs enfants. L’un des maris était officier de la Marine royale, devenu négociant, l’autre, polytechnicien, ingénieur des Ponts et Chaussées. Esprit curieux formée aux sciences naturelles, Julie Desgravelles-Bérar connait les plantes, décrit les oiseaux, les poissons au cours de la traversée, les remèdes de l’époque. Elle décrit la vie à bord avec ses difficultés, son inconfort, sa promiscuité, les tempêtes, le froid, la chaleur, l’humidité, les problèmes de vivres et de la qualité de la nourriture. Le tout était aggravé par le jeune âge de son fils et les aléas du tempérament des uns et des autres. Elle seconda le capitaine pour apporter son aide aux malades au cours de la traversée.

            Son mari partait à La Rochelle pour des raisons de santé et mourra en 1845, entouré de sa famille. Elle resta y vivre jusqu’à la fin de ses jours, tirant partie de ses biens, louant des maisons, prêtant de l’argent, investissant dans des rentes.