Auteur | Dominique Le Brun |
Editeur | Tallandier |
Date | 2022 |
Pages | 328 |
Sujets | Surcouf , Robert 1773-1827 Biographies |
Cote | 65.445 |
Cette biographie retrace en démêlant le vrai dans la légende, la vie aventureuse de Robert Surcouf, enfant d’une famille malouine de marins, pêcheurs, armateurs ou négociants, devenu un corsaire légendaire. Un garçon passionné de mer, sous quelque forme que ce soit, mousse à 14 ans, initié à la navigation à bord d’un négrier au Mozambique, amariné par un dramatique naufrage, et vite attiré par la course. C’était un moyen de faire fortune en attaquant le commerce tout en servant les intérêts de la France. Toujours dans l’honneur, ce qui distinguait la course de la piraterie. Elle était d’ailleurs couverte pour cela par une lettre patente. Mais une activité risquée de combats inégaux contre des vaisseaux marchands armés. Un engagement intense, exigeant hardiesse, agilité et sens marin. Sans doute la plus jubilatoire des aventures pour un marin dans l’âme. La guerre légale au commerce anglais fut une passion facile à assouvir pour ce Malouin né en 1773 à l’avènement de Louis XVI, l’année où le soulèvement des colons d’Amérique allait déclencher la guerre d’Indépendance, et mort en 1827 sous Charles X, en ayant traversé la Révolution et l’Empire, soit une trentaine d’années de conflits.
C’est l’océan Indien où il avait commencé sa carrière au long-cours à la traite, qui fut le territoire de chasse de Robert Surcouf, et où il forgea sa légende. Après plusieurs embarquements à Pondichéry ou Port-Louis en Ile-de-France (Maurice), breveté en 1794 capitaine au long-cours, Surcouf gagna ses premières captures en campagnes de guerre l’année suivante, et prit en 1797 le commandement du corsaire La Clarisse. En moins de six ans, une cinquantaine de prises, dont la capture spectaculaire duKent, vaisseau de l’East India Company, la grande compagnie britannique des Indes, lui valurent d’être surnommé le Tigre et de devenir une légende vivante. De retour à Saint-Malo en 1801 dans les deniers jours du Consulat, Surcouf s’établit riche armateur au commerce et à la course, et fonda une famille.
L’histoire aurait pu s’arrêter-là si Robert, reçu par Bonaparte et décoré de la Légion d’Honneur, n’avait pas repris du service en 1807, et remis le cap sur l’océan Indien à bord du Revenant, pour gérer sas affaires d’armateur mais pas seulement. L’Angleterre bloquait les côtes de France, mais là-bas, la guerre de course faisait rage, illustrant les frégates de Bouvet, Duperré ou Hamelin. Traqué par la flotte britannique, Surcouf se fit aussitôt craindre à nouveau par la capture d’une quinzaine de navires marchands et d’un corsaire anglais. Et puis l’Angleterre s’empara de l’le-de-France qui devint Mauritius, et tout commença à vaciller sur les mers de l’Empire. D’un conflit ombrageux avec le gouvernement pour une réquisition mal vécue, au rétablissement de ses droits, de fonctions politiques honorables, à des démissions, Surcouf termina sa vie à Saint-Malo dans la confusion de la fin de l’Empire. Il y mourut le 8 juillet 1827, trois mois avant l’étonnante bataille navale de Navarin, une affaire franco-anglo-russe qui détruisit accidentellement la flotte turque au mouillage, parce que la Turquie menaçait la souveraineté de la Grèce. Après tant de courage, de patriotismes et d’enthousiasmes lointains méconnus, ce non-événement enflamma la France, mit la Marine à l’honneur, et entraîna la fondation au Louvre du Musée Dauphin, précurseur du Musée national de la Marine.
Le corsaire malouin a été l’éponyme de plusieurs bâtiments de guerre, dont le croiseur sous-marin Surcouf, doté de deux canons de 202 m/m et d’un hydravion d’éclairage, le plus étonnant corsaire jamais vu sur ou sous les mers. Et puis la tête de série des Escorteurs d’escadre du type T 47, lancé à Lorient en 1953, un renouveau technologique et industriel de la marine, tirant parti des enseignements de la Seconde Guerre mondiale. Un hommage de ses frères d’armes institutionnels à la créativité combative du corsaire malouin.
Cette biographie très minutieusement renseignée se lit comme un roman. Elle est écrite de façon vivante par un auteur à qui l’on doit de nombreuses anthologies sur des thématiques maritimes, et qui a un don naturel de conteur.