Le régiment de marche du Tchad : des sables de Koufra aux plaines du Liban

Ce très beau livre, résultat d’un travail d’équipe, présente un prestigieux régiment fondé sur le continent africain, très attaché au général Leclerc, enrichi de documents provenant de différents centres d’archives, soigneusement répertoriés et illustré de nombreuses photographies venant des archives de l’ECPA, des drapeaux et décorations du régiment, de cartes et de chants. L’ensemble est accompagné d’une bibliographie.

Il constitue un hommage de militaires à un corps prestigieux, actuellement installé en Lorraine, à la mémoire des plus anciens soldats.

La présentation des hommes qui en ont été l’âme et la chair sont présentés ici, tel le général Largeau, l’un des principaux artisans de la conquête du Tchad entre 1902 et 1914, le général Leclerc et sa participation à la Seconde Guerre mondiale.

Les principales opérations du régiment sont décrites : la conquête du Tchad, de l’Afrique équatoriale française, les actions pendant les deux guerres mondiales, l’entre-deux guerre, la présence au nord du Tchad et les interventions plus récentes comme celles en Bosnie, en Afghanistan.

En 1940, le général Leclerc prit la tête des opérations au Tchad avec, notamment, le régiment de tirailleurs sénégalais local rallié au général de Gaulle. Le colonel Gaujac raconte les différentes campagnes d’alors, dans la zone saharienne, autour de Koufra, du Fezzan, puis en Tunisie ; une nouvelle étape de réorganisation débuta en 1943 en Afrique du Nord où se trouvaient déjà d’autres troupes et où parvenaient de nouveaux volontaires. Quelques figures marquantes apparaissent alors : Daruvar, Mademba Sy.

En 1944, le régiment remonte vers Paris où il pénètre en premier au mois d’août, puis en Alsace, suivi d’une période de repos à Châteauroux. Le général Leclerc revint au sein de l’armée américaine participer aux opérations en Allemagne et fut à Berchtesgaden le 4 mai 1945. Le régiment embarqua ensuite pour l’Extrême-Orient, dans le cadre de la reconquête de territoires contre le Japon, projet né en 1943. En Indonésie, à Saigon, Leclerc chercha à établir un contrôle de qualité et les troupes surent s’adapter au nouvel environnement, très humide. Puis ce fut l’Annam et le Tonkin. En Indochine où la cohabitation entre troupes chinoises et vietminh était bien installée l’ambiance jusqu’en 1947 est qualifiée d’ « étrange » par le lieutenant-colonel David. À partir de cette date, le régiment s’installa en France : le lieutenant Grillon rend compte des étapes de sa réorganisation, une partie restant impliquée dans la guerre en Extrême-Orient et dans les insurrections d’Afrique du Nord comme au Maroc. Puis de nouveaux conflits apparurent sur les différents continents et il fallut s’adapter à de nouvelles technologies militaires et à de nouvelles structures: en Bosnie, en Côte d’Ivoire, en Afrique centrale, en Afghanistan, mais également dans les territoires d’outre-mer. Il s’agissait de participer à des opérations de souveraineté et de s’impliquer dans des missions humanitaires. En France, des actions ont été menées dans le cadre du plan Vigipirate et lors de catastrophes naturelles.

Ce grand régiment né en Afrique, lors de la conquête coloniale a été impliqué dans les phases de la décolonisation, puis intervient dans des missions de paix, pour la défense de ressortissants français, tout en s’investissant dans des évènements extrêmes.

Ce livre est un hommage rendu à un régiment dont les actions intéressent directement l’histoire des outres-mers, par les campagnes qu’il a mené, ses restructurations, ses hommes, tant officiers que soldats de grades variés. L’ensemble est richement illustré de paysages époustouflants, de portraits, de photographies de groupes et d’engins militaires, mais contient également des documents d’archives, jalons des épisodes de l’histoire.

Un chapitre est consacré à la maintenance du matériel et à l’entraînement intensif indispensable. Le livre s’achève sur un hommage rendu aux drapeaux et aux décorations du régiment, symboles de son unité et de son parcours. Il raconte la vie d’un corps d’armée autour de nombreux hommes appartenant à des générations et des horizons géographiques variés, sous des angles différents de ceux approchés par les historiens plus classiques.