Léon Bourgeois et la Paix

Recension rédigée par Josette Rivallain


Juriste de formation, Léon Bourgeois (1851-1925) est un homme bien peu connu en ce début du XXI siècle, pourtant, il est l’un des acteurs de premier plan de notre pays.

Ce livre écrit à plusieurs mains, organisé en deux parties composées chacune de six chapitres débute par une préface du Ministre des Affaires Etrangères, Jean-Yves Le Drian et par une introduction de Jean-Louis Debré. Les auteurs ont en grande part consulté les fonds d’archives personnelles de Léon Bourgeois et celles du Ministère des Affaires Etrangères, surtout riches de documents liés aux vingt dernières années de sa vie et mis l’accent sur les différentes facettes de sa vie et de son œuvre.

Avocat, préfet, député, sénateur, six fois président du Conseil, à la fin du XIXe siècle, il fonctionna en tandem avec le futur président de la République Raymond Poincarré, au coeur de l’échiquier politique de la France pendant de nombreuses années.

Très épris de liberté, il fut l’inspirateur des théoriciens du « solidarisme », sous-tendant une organisation sociale et politique à contre-courant du communisme et du capitalisme, en réponse au Marxisme (J.L. Debré), lançant un véritable projet politique et social associant capital et travail, défenseur du repos hebdomadaire et des assurances au travail. Pacifiste, il a prôné la nécessité de réguler la puissance par le droit, la mise en place de mécanismes d’arbitrage, de sanctions et de contraintes, les nations étant interdépendantes, lançant l’idée de la Société des Nations. 

Il a senti l’émergence d’une opinion publique internationale prête à peser de plus en plus lourd dans les décisions des États. La mondialisation est en marche dans un espace public (JY L D). Sans avoir apparemment accordé une grande priorité aux territoires coloniaux, neufs à l’époque, ses visions internationales sont importantes pour comprendre une part des réalités postérieures qui s’inscrivent dans une volonté de paix sur le plan national et international d’autant que se profilaient alors deux conflits opposant l’Allemagne et la France, déclenchant à leur tour de nombreuses conséquences pour la vie des mondes qui leur étaient rattachés.

En 1899 et en 1907, il dirigea la délégation française aux conférences de La Haye. Très attaché au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, il promut la « diplomatie du droit », puis soutint la création de la SDN en 1910.

Son successeur à la SDN, Aristide Briand, reste plus connu et poursuivra son œuvre.