L’éditeur bordelais a fait appel à plusieurs spécialistes de la région du sud-ouest pour réaliser un beau livre, largement illustré et documenté, sur l’histoire de l’esclavage en lien avec les ports de l’Aquitaine. Les auteurs sont des historiens universitaires des établissements de Bordeaux, de La Rochelle, de Limoges, de Poitiers, des conservateurs de bibliothèques, de musées et des archéologues.
Chaque auteur développe un aspect précis de l’histoire de la traite, de sa conception à son abolition, étudie les expéditions négrières, leurs routes, leur coût et les bénéfices retirés, ainsi que la vie en Amérique des planteurs et des esclaves, en parallèle avec la venue de gens de couleur dans le sud-ouest de la France après le milieu du XVIIe siècle, puis les regards plus récents, souvent moralisateurs, entachés d’idéaux, avec une certaine approche des élites portuaires, sans oublier les apports de l’esclavage au patrimoine aquitain, l’importance de cette longue histoire retrouvés à travers les pages des archives.
Ici, il s’agit de l’histoire régionale d’un mouvement transatlantique touchant les terres de l’Aquitaine, insistant sur l’impact des échanges des produits régionaux de l’arrière-pays avec ceux venant d’Amérique du Nord-est et des Indes occidentales. Des trois principaux ports, celui de La Rochelle apparait comme anciennement impliqué dans ce trafic, Bordeaux plus spécialisé dans les échanges avec les Antilles tandis que Rochefort est organisé en arsenal pour les navires impliqués dans ce commerce. Bayonne et d’autres ports de la côte aquitaine n’eurent que des activités de traite occasionnelles avec l’Amérique.
Les auteurs, dont Hubert Bonin, avec pour appui les documents d’archives, soulignent le flou constant existant dans la mémoire de la traite, tant elle a pu prendre des aspects variés et avoir recours à des pratiques inégalitaires que les historiens se sont attachés à prendre en compte. Ils cherchent à faire revivre ces mémoires, à surmonter les tabous, sur un fond d’exigence de volonté de compréhension et de transmission. Dans ce livre, on s’interroge sur le peu de traces laissées par la Traite dans les musées, mais aussi sur le comment introduire ce passé dans l’enseignement.
Ces étapes prennent du temps : avec le désir d’apaiser une mémoire blessée a été créée la Journée nationale des Mémoires de la Traite, de l’esclavage et de leurs abolitions le 10 mai 2019 à Bordeaux. Déjà, en 2007, La Rochelle s’était doté d’un Musée du Nouveau Monde.