L'Europe, ce continent sauvage : comment les Amérindiens ont découvert l'Ancien Monde

Recension rédigée par Alain Jeudi de Grissac


Tous les ouvrages traitant de la découverte de l’Amérique par les européens, Christophe Colomb souvent cité comme le premier en 1492, racontent les péripéties et les impacts de ces découvreurs ou explorateurs sur ce continent. L’ouvrage de Caroline Dodds Pennock a une approche totalement différente : elle a recherché dans les archives et dans les traditions locales la trace et les impressions de ces individus autochtones envoyés (volontaires ou emmenés de force) de l’autre côté de l’Atlantique et qui ont découvert une Europe étonnante, un continent sauvage, un univers socialement inégal, brutal et profondément déroutant.

A travers une série de portraits, l’auteur donne la parole aux individus de cultures et d’origines différentes (Aztèques, Mayas, Inuits ou Totonaques), victimes ou simplement spectateurs de la conquête, face à leur nouveau destin, oubliés des ouvrages historiques.

L’historienne adopte un ton critique vis à vis de ces explorateurs/découvreurs : « Dès les premiers contacts, les Européens ont considéré les Autochtones comme des marchandises à exploiter », afin de justifier vis à vis de leurs bailleurs de fonds les coûts de leurs voyages. À lui seul, Christophe Colomb aurait capturé et déporté entre 3000 et 6000 hommes, femmes et enfants de la Caraïbe, s’imposant comme l’un des premiers artisans de la traite des peuples autochtones vers l’Europe.

Pourtant une partie de ces autochtones ont été envoyés par leurs peuples pour les représenter, d’autres se sont mis au service des explorateurs de leur propre volonté, d’autres ont fait du commerce ou certains sont des enfants métis des Espagnols qui ont eu la chance de rentrer en Europe avec leurs pères. Dans tous les cas, ils ont un temps été considérés comme des objets exotiques, souvent rabaissés et marginalisés avant de mourir oubliés, sauf s’ils avaient la chance de faire le voyage inverse pour retourner chez eux et raconter leur vision de l’Europe qui se retrouve parfois dans leurs traditions orales.

En Europe, il est difficile d’identifier l’impact de ces visiteurs (devenus résidents ou non) sur notre civilisation.