Auteur | Pierre Aubry et Bernard-Alex Gaüzère |
Editeur | l'Harmattan |
Date | 2024 |
Pages | 162 |
Sujets | Vitré, François-Martin de (1575-1631) Pharmaciens Asie orientale 17e siècle Découverte et exploration françaises Asie orientale 17e siècle |
Cote | 69.205 |
Notre collègue, membre correspondant, Pierre Aubry, associé à Bernard-Alex Gaüzère, nous livre sa dernière recherche consacrée à un sujet qu’il prédilectionne et partage avec son confrère, tous deux médecins, spécialistes de médecine tropicale, l’épopée des médecins français en Asie et plus particulièrement dans le Pacifique. Les deux auteurs, familiers des îles du Pacifique, Madagascar, La Réunion (ou île Bourbon), récidivent après les deux dernières publications de 2021, 2022 et 2023 consacrées elles aussi à des chirurgiens ou médecins français, aventuriers, explorateurs, chroniqueurs, familiers des territoires de l’Outre-Mer. Les recherches universitaires bretonnes ont été enrichies ces dernières années de thèses et publications scientifiques dont se nourrissent les auteurs.
L’ouvrage nous embarque dans cette aventure folle qui se développe à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle pour connaitre son apothéose à la fin du siècle, une série d’épopées dans les mers de l’Orient, sur les iles du Pacifique, Madagascar, La Réunion, Ceylan, Sumatra ou sur le continent, Inde et Chine, dans un espace connu alors sous le terme « les Indes orientales ». De nombreux récits de navigateurs, aventuriers, missionnaires, botanistes, ethnologues, collectionneurs se développent dans toute l’Europe. Une passion nait et qui s’intéresse à l’Orient, Moyen ou Extrême. Parmi ces récits, l’un a retenu l’attention des auteurs, celui d’un confrère, breton, qui, profitant d’une conjoncture naissante dans sa région, s’embarque pour les Indes au tout début du XVIIe siècle. Fils lui-même de médecin, François Martin suit une carrière de pharmacien comme ses parrains et retracée dans le deuxième chapitre de l’ouvrage. Bercé par le grand intérêt pour le commerce extérieur qui se développe à Vitré dès 1472, puis en 1601 par la création de la Compagnie des marchands de Saint-Malo, Laval et Vitré, Martin saisit au bond l’opportunité de s’associer à une expédition qui appareille vers les Indes orientales en 1601.
Les courts chapitres de l’ouvrage organisent la démarche des auteurs, de la naissance de l’épopée européennes des routes des Indes orientales, d’une biographie de François Martin, de l’aventure de son voyage, aux connaissances scientifiques que nous livre l’apothicaire-aventurier breton. Les données ethnographiques traitent des observations de Martin sur les îles sur lesquelles accoste le Croissant : Sainte-Hélène, Madagascar, Les Comores, Sumatra. La flore retient l’attention de Martin, du bois de santal à l’opium ; une longue liste d’animaux, tant terrestres que marins, qu’aériens, est illustrée des annotations de notre observateur.
Avec cet ouvrage concis, le lecteur est plongé dans cette aventure européenne de la route des Indes orientales qui dynamisa les règnes de Louis XIII et Louis XIV. La lecture attentive du récit publié en 1604, un an après son retour, par François Martin grâce à des subsides que lui accorde Henri IV, permet à P. Aubry et à B.-A. Gaüzère de mettre en évidence, dans un style allègre, les connaissances et observations géographiques, ethnographiques, botaniques, faunistiques de ce pharmacien breton, homme de son temps, scientifique, humaniste et curieux. Les lettres patentes d’Henri IV octroyées le 27 mai et le 13 décembre 1604 stipulent : « Désirant, autant qu’il se peult, le bien et avancement de notre bien aimé maistre François Martin, sachant le soing qu’il a eu dès son age de se rendre capable d’exercer la pharmacie, et que, pour en avoir plus grande et particulière cognoissance, il a, depuis quatre ou cinq ans, avecque beaucoup de périlz, paynes et despance, faict le voiage des Isles Orientalles entreprins par le feu sieur de la Bardelière, par nostre permission et soubz nostre auctorité ; auquel voiage, outre ce qu’il s’est acquis d’industrie et de cognoissance de la plus grande partye des simples, bois, gommes et autres matières de plus commung usaige et praticque en ladite pharmacie ; il mérite aussi quelque recognoissance du service et assistance ».
L’ouvrage nous immerge dans cette étonnante aventure scientifique et se termine par un rappel de ce que fut cette grande fresque des Compagnies françaises des Indes orientales.
Les dernières pages de l’ouvrage mettent l’accent sur les leçons de ce récit et tout particulièrement sur les aspects liés à la formation de notre héros : la médecine et la pharmacie, disciplines également chères aux auteurs.