Auteur | Vincent Duclert |
Editeur | Passés composés |
Date | 2025 |
Pages | |
Sujets | France Politique Biographie XXIe siècle |
Cote |
Dans une biographie consacrée à l’action internationale de Michel Rocard, l’historien Vincent Duclert éclaire d’un jour nouveau l’éthique de gouvernement de cette figure atypique de la gauche. Les archives donnent une dimension de richesse supplémentaire à l’ouvrage.
Au commencement, il y a l’Algérie, la découverte des camps de regroupement par le jeune inspecteur des Finances, de véritables mouroirs créés par l’administration militaire et méconnus de l’administration civile. L’enquête méthodique menée par Michel Rocard est suivie de la remise d’un rapport sur la question à Paul Delouvrier, délégué général du gouvernement. Ce sera, à en croire l’auteur du livre, « l’événement inaugural du rocardisme ». Cette expérience sera de fait déterminante pour la suite de son parcours, dans sa double dimension politique mais aussi morale.
Elle inspirera notamment la méthode déployée pour gérer la crise calédonienne, après le drame d’Ouvéa de 1988. L’archipel se trouve au bord de la guerre civile. Michel Rocard entre dans ce dossier presque par effraction, obtenant de François Mitterrand que la question soit dans le champ de sa gestion gouvernementale. Le président de la République, que ce livre montre en toute chose soucieux d’entraver l’envol de son Premier Ministre, ne perçoit pas la dimension extérieure du dossier calédonien. De fait, les enseignements de la réussite des accords Matignon - Oudinot seront clairement portés au crédit du chef du gouvernement. Désormais, on parlera de « méthode Rocard ».
Sa réussite convaincra le chantre de la « deuxième gauche » d’agir en direction d’autres conflits, en apparence inextricables, convaincu que la méthode suivie, cette intelligence de l’action confrontée aux logiques de guerre, pouvait inspirer d’autres acteurs sur d’autres terrains, comme celui du conflit israélo palestinien. Les droits des Palestiniens étaient à ses yeux indissociables du droit à la sécurité d’Israël.
Aux manettes sur la Nouvelle-Calédonie, « l’un des plus beaux souvenirs de sa vie politique », le Premier Ministre sera en revanche soigneusement tenu à l’écart du dossier rwandais, exclusivement géré à l’Élysée au moment du génocide tutsi. Six années plus tard, en 1997, il s’en empare dans une tentative de faire la vérité sur la responsabilité française dans le soutien au régime raciste d’Habyarimana. Michel Rocard convaincu que « le génocide rwandais n’est pas un épisode de l’histoire africaine mais un drame de l’histoire universelle », n’obtiendra jamais le droit de mener à terme cette mission de réconciliation. Ce n’est que des années plus tard, avec Emmanuel Macron, que sa vision et son projet seront achevés.
Riche par sa réflexion, ses informations, par la présence d’annexes dévoilées pour la première fois, cette biographie internationale de Michel Rocard dévoile l’unité d’un homme qui a toujours considéré que pour être en paix avec elle-même, la France devait assumer sa part d’universel.