Deux énergumènes chez les sauvages

Recension rédigée par Michel Bousquet


Rob Vernon né en 1907 à Toronto est un journaliste travaillant comme « grand reporter » pour les grands magazines canadiens.

Toujours accompagné de son ami Jim, texan ex cowboy, ils parcourent le monde.

Une commande d’un magazine l’amène d’octobre 1937 à juin 1938 à visiter sans moyens particuliers l’Afrique. Son voyage l’amènera successivement à Oran, Colomb Bechard, Timmoudi, Reggane, Bourem, Gao, Dori, Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Po, Tamalé, Diebougou, Gaoua, Bouake, Abidjan, Ouahigouya, Bandiagara, Mopti, Segou, Bamako, Kayes et Dakar.

Tout cela en fonction des occasions qui se présentent à eux lors de leur périple. Il décrit tous les moyens de locomotions employés : camionnette, pirogue, cheval, vélo et chemin de fer.

Dans un style alerte, ils présentent tous les évènements susceptibles d’intéresser leurs lecteurs.

La description de la traversée du Sahara à bord d’une camionnette surchargée est très intéressante. (30ans plus tard j’aurais pu décrire la même chose lors de mes recherches des lieux de ponte des criquets-pèlerins. Campement, et grande hospitalité des européens et des locaux).

Evidemment, il décrit essentiellement les scènes de chasse avec réalisme et vérité « assiégé 8h par un buffle ou des journées entières pour trouver un éléphant et ne pas pouvoir le tirer », ou les difficultés de chasser le crocodile. Il décrit aussi les fêtes locales ou sa visite au Moro-Naba, ou à Bandiagara, un village attaqué par les cynocéphales où il sera blessé par un vieux mâle.

Mais son ouvrage livre aussi ses impressions sur tous les fonctionnaires rencontrés, leur hospitalité, leur rapport avec les populations administrées et la vie européenne dans les cercles traversés.

Il compare l’administration française et l’administration anglaise et le mode de vie des européens de ces deux nationalités.

Il serait très intéressant de mettre un nom sur les initiales citées de tous les commandants de cercles et fonctionnaires qui servaient à cette époque (1937/38), en particulier de Marius B avec qui il nouera une amitié sincère, dont on voit une photo tenant en laisse une panthère. Ses descriptions sont vivantes et englobent les familles.

Peut-être qu’un académicien pourra trouver dans les archives qui se cache derrière les initiales ?

Ayant personnellement visité professionnellement 80% de ces lieux dans les années 1965 à 1980, je ne peux que constater la dégradation de la faune et de la flore survenue.