Requiem pour la Coloniale : Afrique : conquête et retraite de l'armée française

Recension rédigée par Dominique Delort


Le titre est un choc pour tous ceux qui ont servi sous l’ancre de marine. Le sous-titre Afrique : Conquête et retraite de l’armée française précise la charge qui va être conduite. Les deux auteurs connaissent très bien de grandes parties de l’Afrique, durant des dizaines d’années, ils ont été journalistes pour Libération et surtout Le Monde dont les lignes éditoriales n’ont été que très rarement proches des orientations françaises en Afrique… Ce petit livre qui se lit très facilement est apparemment un recueil des échecs plus ou moins assumés de la coloniale. Les titres de chapitres sont clairs : Le son du glas, les Guépards rentrent blessés, Plus loin le gendarme de l’Afrique, L’arrière garde de la Françafrique (1991-2023), Le cénotaphe de la coloniale. Et pourtant, même si les raccourcis sont agaçants, si le procès est à charge, cela semble bien le reflet d’une réalité dérangeante que le lecteur ne peut écarter.

La conclusion mérite une lecture attentive, notamment, les auteurs font la liste des modes d’action pour déconsidérer la présence de l’armée française. Kagame est pointé, dans un très long codicille, pour tous ses excès, ses responsabilités et son habileté diabolique avec l’aide insidieuse, en France, de l’association Survie. Une constatation et une lueur d’espoir, tout de même, en ultime conclusion : « C’est la Coloniale qui est portée en terre mais non les Troupes de Marine ». Rien de ce qui est écrit concernant l’épopée de nos anciens, l’engagement des dernières générations de Marsouins ne peut nous être indifférent, c’est pourquoi le point de vue de ces deux personnalités du vrai journalisme des multiples crises africaines mérite d’être connu. Le bafouillage politique des dernières décennies, l’affaiblissement économique de notre pays, l’arrivée en Afrique de grands prédateurs, non traités dans l’ouvrage, expliqueraient aussi pourquoi la Coloniale a fait ses valises, dignement mais avec des regrets.

 Ce Requiem, « Accorde-leur le repos éternel », est, en creux, un hommage à tous ceux, morts ou vivants, qui ont servi la France en Afrique, pour sa grandeur, puis pour participer à la protection des nouveaux états et de leur population.