Une initiation africaine : roman

Auteur Pierre-Marie Tricaud
Editeur l'Harmattan
Date 2024
Pages 251
Sujets Afrique
Roman

XXIe siècle
Cote 69.082
Recension rédigée par Guy Lavorel


Après une carrière d’urbaniste et d’expert des paysages culturels, Pierre-Marie Tricaud présente ici son premier roman. Il s’inspire donc de sa première expérience vécue en Afrique. Et c’est bien ce que le titre annonce, un roman d’initiation. En fait une double initiation, celle de la connaissance de l’Afrique, au-delà des préjugés et des poncifs habituels, et celle de l’amour, dans un pays aux multiples visages.

Nous voilà donc avec un jeune volontaire français voué à des rencontres au sein du Tukoland, petit pays de l’ouest bien inconnu à tort de beaucoup… Et effectivement le roman est le récit des rencontres, tant du pays africain et de sa réalité face aux préjugés, que des femmes pour nourrir discussions et relations sexuelles. Chaudes et multiples, accompagnées de méditations sociologiques, religieuses, humaines, mais en réalité bien plus. Car ce serait nier l’intrigue principale. Épris de plusieurs femmes, mais surtout de Daphné, jusqu’à envisager le mariage et avoir un enfant, le narrateur et donc héros, Romain Gilet, va se sacrifier lorsque deux rebelles voudront violer son amie. On est alors confronté à une nouvelle réflexion où les mots de racisme, de devoir, d’amour perdent leur itinéraire habituel pour s’inscrire dans une perspective d’initiation. Cette mort offre-t-elle comme une conversion ? La fin et l’épilogue le laissent à penser, tout comme la conclusion de Tristan, un jour de Noël, sur une possibilité d’un monde à venir différent « avec juste d’autres arbres et d’autres oiseaux : des trottoirs bien dallés sans crevasses de trente centimètres remplies d’eau nauséabonde, des mères et des enfants sachant que le malheur avait peu de chances de leur tomber dessus… ».

A vrai dire deux types de lecteurs vont découvrir ce livre : les non-initiés, qui ont une vision de l’Afrique bien stéréotypée, et vont se dire qu’il y a quelque nécessité à en saisir plus pour déceler les vrais attraits des paysages et des personnes qui non seulement ont hérité d’un monde d’ancêtres, mais misent aussi sur un avenir aux multiples développements ; les initiés qui vont bien reconnaître ce qu’ils ont pu observer d’une Afrique non superficielle, dans le quotidien d’un vécu et dans la surprise d’un autre monde aux attraits indiscutables.

L’auteur nous offre ainsi quelque maïeutique sur la vérité africaine, car on trouve quasi constamment des dialogues, surtout à deux personnages, sans doute parfois trop, au détriment du récit romanesque, lequel pourtant nous offre en plusieurs passages de beaux tableaux, comme ceux de quelques villages ayant gardé leurs constructions et leur animations particulières, ou celles de soirées et nuits africaines, authentiques dans leur lumière, leurs sons et leur odeur…

En somme une expérience qui valait bien qu’on s’y plonge ou replonge, pour s’y retrouver, s’y étonner, ou s’y initier…