Le mouvement hibiste : jihad et résistances dans le Sud marocain (1910-1934)

Recension rédigée par Stéphane VALTER


Le rapporteur, après avoir commencé la lecture de ce livre, a longtemps hésité avant de rédiger la présente note. Non seulement car le sujet lui était globalement étranger, mais aussi en raison d’une impression un peu négative, ou du moins mitigée, qui méritait peut-être une calme relecture, puis une reconsidération méritée.

            Commençons par les aspects positifs. L’auteur maîtrise parfaitement son domaine et la recherche historique est approfondie, pleine de détails probablement nécessaires pour la compréhension du sujet. Plusieurs sources diverses ont été consultées et mises à profit. Le plan suivi est chronologique, avec des développements politiques, militaires, administratifs, anthropologiques, linguistiques, etc., qui permettent une présentation précise de l’objet de recherche. Sans conteste, le spécialiste devrait tirer un grand avantage à la lecture de ce livre publié avec le soutien du Ministère des armées et du Ministère des affaires étrangères.

            En ce qui concerne les points qui ont laissé le rapporteur dubitatif, on peut commencer par dire que le texte est truffé d’informations, ce qui finit par égarer la concentration du lecteur, le mieux étant dit-on l’ennemi du bien. On se perd ainsi dans le dédale des luttes pour le pouvoir, sans vraiment saisir les dynamiques essentielles. Même l’introduction et la conclusion ne permettent pas véritablement de comprendre simplement le déroulement de cette période historique compliquée qui voit s’affronter les colonialismes français et espagnol de même que le pouvoir central marocain (le makhzen) et les tribus séditieuses, sans parler des luttes intestines entre confédérations tribales, tribus, clans, etc. Des synthèses, de temps à autre, eussent été fort utiles.

            Ensuite, entre l’onomastique arabo-berbère et les noms communs provenant de ces deux langues dont l’usage est pour le moins très récurrent, le lecteur y perd son latin. La perfection n’étant pas de ce monde, la ponctuation laisse de plus parfois à désirer, de même que la syntaxe des verbes, etc.

            Pour conclure, il s’agit d’un livre qui est le fruit d’un long travail documentaire, méritant, mais dont les grandes lignes peinent à être saisies clairement (a minima pour le rapporteur). Le spécialiste avide de détails s’y délectera assurément mais le néophyte, ou le lecteur moyen, ou encore le simple honnête homme auront quelques difficultés à se souvenir des informations et analyses du début de page une fois que la lecture les aura menés à la fin de la même page.