Auteur | Virginie Bouyx |
Editeur | Le Pommier |
Date | 2023 |
Pages | 183 |
Sujets | Littérature moderne et contemporaine Romans |
Cote | 67.629 |
L’auteure nous est connue par ses publications chez Gallimard de nouvelles, Les Fleuristes et surtout Villes chinoises. Ce roman pourrait sembler un rappel d’histoires semblables déjà lues : De l’autre côté du miroir ou Alice au pays des merveilles, ou encore le film bien connu du Monde de Narnia où les héros passent dans un autre monde grâce à une armoire. Ici, c’est un tableau contemplé qui sert de réceptacle et de lanceur de rêves. Le paysage regardé est déjà exotique, enchanteur par toutes les richesses qu’il détient, mais surtout il renvoie à sa créatrice Nina, la mère d’Andréa, qui l’a elle-même reproduit à partir d’un antécédent, réalisé par un certain François Liotay. C’est là que plusieurs personnages vont pouvoir échanger des sentiments : amour familial, amour pour une compagne, amour à travers des générations, dans diverses circonstances et lieux, y compris le déchirement de la mort. Car on est face à une destruction par la montée des eaux d’une maison typique, avec sa varangue si particulière, et à celle de personnages que la séparation affecte gravement.
Mais il reste un tableau, le cadre qui compte, et surtout où il faut savoir entrer, pour pouvoir jouir tant de chaque élément du paysage que des personnes qui le fréquentent. Et ce tableau, deux personnages, Andréa et Yoko, vont le contempler, établissant ainsi une relation d’identité observatrice et sentimentale, qui les rapprochera peu à peu dans le roman, dans l’espace et le paysage de rêve.
Ainsi l’auteur veut créer une atmosphère, qui fait penser à tous les poèmes d’Alexis Léger, autrement nommé St. John Perse. Ce sont les souvenirs d’enfance qui ressortent et la beauté luxuriante de la végétation, ce sont des émotions et amours partagés, même s’ils paraissent éloignés.
On erre un peu entre les lianes prolongées des phrases et une atmosphère rappelant Tennessee Williams, mais on se laisse projeter par la force des eaux et emballer par la torpeur qui ressort dans certaines évocations, pour suivre les relations toutes particulières entre tous les éléments, êtres et choses, qui constituent ce rêve d’exotisme et de sentiments.
Ce roman donc, même s’il n’opère pas toujours la séduction des Villes chinoises, sait nous transporter dans un ailleurs, dans un rêve plus que pictural, écologique et merveilleux.