Auteur | Claude Le Borgne |
Editeur | l'Harmattan |
Date | 2008 |
Pages | 232 |
Sujets | Fiction de langue française |
Cote | 55.867 |
L’auteur, un trépassé, rencontre le Seigneur et entretient avec lui un dialogue quelque peu surréaliste sur toutes les questions que l’humanité se pose sur la vie d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
Dites voir, Seigneur, le bing-bang c’est quoi ? Connais pas, dit Dieu.
Et ils se mettent à échanger sur le bing bang, la création, la Trinité avec Père, Fils et Saint -Esprit, Satan, Adam et Eve chassés du jardin d’Eden, le Bien contre le Mal…
La discussion se poursuit sur les premiers hommes qui avaient percé les recettes de la longévité, le déluge, Noé et Abraham. Agacé, Dieu se demande si les hommes d’aujourd’hui ne sont pas en train de renouveler, avec Internet, l’antique prétention d’une Tour de Babel.
Il s’explique du choix de Moïse, un de ses mieux aimés, pour guider le peuple d’Israël. Depuis les persécutions en Égypte et la fuite vers la terre promise de Canaan en passant par tous les épisodes bien connus de l’Ancien Testament : la longue marche dans le désert, les dix Tables de la Loi, l’adoration du Veau d’Or….
L’extraordinaire dialogue se poursuit autour d’Israël, son roi David, choisi par Dieu, vainqueur du combat contre Goliath et ancêtre d’une lignée bénie, la sagesse et la puissance de Salomon, la ruine de Jérusalem et la déportation de son peuple.
Des changements annoncent la période hellénistique puis celle des Romains à Jérusalem avec Hérode, le roi des Juifs. Ces derniers siècles précèdent la venue du fils de Dieu.
Dites- moi tout, Seigneur. Les prophètes, Vous les avez vraiment inspirés ? C’est ce qu’affirme le Saint- Esprit, et donc moi-même si tu es capable de comprendre c’est un pour trois et trois pour un.
Dieu rappelle les prophéties de ses prophètes, les nabis, communs avec les mahométans, annonciateurs de calamités et que faire pour les éviter.
Et d’évoquer Jean le Baptiste, Jonas et la baleine, Jérémie et ses jérémiades, mais aussi le bonheur et la venue d’une ère messianique qui serait celle du Christ.
Mais, avec Jésus, le plus beau reste à venir.
En attendant, un détour par la Sagesse est imposé, puis le Seigneur entreprend son interlocuteur sur les Proverbes. Qu’en pensez-Vous, Seigneur ?
Je n’en pense rien, dit Dieu. Les Saintes Ecritures sont ainsi, riches du sens que chacun leur donne.
Le dialogue se poursuit sur la frénésie du savoir de l’homme, et de s’inquiéter de l’emballement actuel de la connaissance, pour néanmoins aboutir à cet éloge de la patience.
« Il y a un moment pour tout et un temps pour toute chose sous le ciel ».
Dans le livre de la Sagesse, l’essentiel est l’annonce de l’immortalité de l’âme. La reconnaissance de la souveraineté de Dieu est la racine de l’immortalité.
Les psalmistes et leurs psaumes provoquent un non moins curieux échange entre Dieu et son interlocuteur. Les appels émouvants lancés dans une désespérance rappelant les plaintes de Job sont-ils entendus par Dieu dans le temps présent ?
La venue du Fils avait été annoncée à Marie, aux bergers, aux mages. Tout est grandiose et charmant. Lorsque Jean le Baptiste accueille Jésus pour le baptiser sur les rives du Jourdain, pour la première fois, une voix venue des cieux disait « celui-ci est mon Fils bien aimé qui a toute ma faveur ». L’inébranlable fermeté opposée par Jésus à Satan lors de la tentation au désert annonce que ce n’est pas par les voies humaines que le Fils de Dieu triomphera.
La question de la crédibilité de ses miracles fait l’objet d’un échange entre Dieu et son interlocuteur. Cette démonstration de puissance semble être destinée à l’édification des premiers disciples et à l’affermissement de leur vocation. La recherche de discrétion qui entourait ses miracles n’empêchait pas sa popularité.
La révélation de la Sainte Trinité - celle du Père, du Fils et du Saint d’Esprit - permet d’apaiser le trouble parmi les croyants. Le message des paraboles, à l’usage des simples d’audience dont Jésus se réclame, est l’évocation du Royaume des Cieux, pas toujours facile à comprendre pour l’humain.
L’approche des derniers instants du Christ amène à poser quelques questions autour de l’entrée dans le Royaume des Cieux.
La Cène est préparée dans la joie par ses 12 disciples mais avec la trahison de Judas, le drame annoncé va se dérouler. Au cours de la veillée d’angoisse, Jésus rassure les Apôtres sur l’avenir, sa disparition du monde sauf pour eux qui le reverront, le rappel de l’amour du Père et du Fils.
Condamné à mort, sous le port de la croix, les coups et les injures, il dit seulement :
« Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font ».
Puis le troisième jour, devant la tombe ouverte et vide, l’Ange annonça la résurrection du Christ et son retour auprès de ses onze disciples. Ils le reconnurent et Thomas l’incrédule finit par être convaincu. Il leur transmit ses ultimes instructions, leur ordonna de proclamer l’Évangile à toute la création, se sépara d’eux et fut emporté au ciel.
Un instant interrompu par l’émotion suscitée par les évènements extraordinaires de la mort de Jésus et de sa résurrection, le dialogue avec le Seigneur peut reprendre.
La Pentecôte charge les Apôtres d’une mission évangélique en donnant à chacun la possibilité de parler en d’autres langues. La communauté chrétienne se forme progressivement, non sans violences. Des martyrs comme Pierre, apôtre des Juifs, et Paul, apôtre des Gentils, expliquent aux Chrétiens comment se conduire et préserver le message dans le monde moderne.
Abandonnés à eux- mêmes, il leur faut survivre puis durer dans l’hostilité générale. Les mœurs dissolues de l’époque ne leur facilitent pas la cohabitation. Attristé, le Seigneur fait un parallèle avec le monde contemporain où les Chrétiens sont en passe d’être aussi peu nombreux que l’étaient les premiers. Malgré les persécutions, la diffusion de la Bonne Nouvelle eut une étonnante diffusion. Dans le droit fil de l’enseignement du Christ, et en s’adressant aux petits et aux simples, elle fut à la portée de tous. Il y eut néanmoins des querelles propices aux divisions. Elles portaient sur la double nature du Christ et le Saint-Esprit.
En se mêlant du gouvernement des hommes, l’église s’est beaucoup détournée du message du fils de Dieu autour des rites liturgiques et l’administration des sacrements. Ces excès ont justifié les réformés à réformer et les protestants à protester. Les scissions, croisades, l’inquisition sont passées au crible du dialogue entre le Seigneur et son interlocuteur. La faible défense qu’opposent à ces attaques les chrétiens d’aujourd’hui est attristante.
L’époque moderne et son devenir sont une source d’inquiétude pour le Seigneur que les hommes ont cru avoir tué. La remise en cause de son œuvre le préoccupe. Son pouvoir discrétionnaire sur la fin du monde lui serait-il contesté ?
Si fin du monde internautique il peut y avoir, ce serait dans l’apothéose de la crétinerie.
Cependant le trépassé se permet d’encourager le Seigneur à ne pas baisser les bras car il a l’expérience des peuples à la nuque raide.
C’est vrai ça fiston. Je crois que je vais m’y remettre.
Au cours de cet exceptionnel dialogue, force est de constater une évolution dans l’attitude des interlocuteurs.
Le trépassé a un début d’approche timide, voire apeurée, suivie d’un enhardissement progressif.
Le Seigneur a des réactions de plus en plus humaines de patience, d’indignation, de doute…
Ils se sont rapprochés, appréciés, compris.