La diplomatie d'hier à demain

L’Ambassadeur Raoul Delcorde a représenté la Belgique dans différents postes diplomatiques, que ce soit en Suède, en Pologne ou encore au Canada, trois pays de cultures politiques diverses. Tout au long de sa carrière, il a eu l’opportunité de se frotter à différents usages en matière diplomatique, ce qui lui a permis de rédiger et publier plusieurs ouvrages sur le sujet : « Les mots de la diplomatie » en 2006, « Le métier de diplomate » en 2018, « Diplomatie et politique étrangère à l’heure de la mondialisation » en 2019, plus deux autres publications sur les diplomates et la diplomatie en Belgique.

Fort de ses expériences en la matière, il s’est maintenant orienté vers le professorat, puisqu’il enseigne à l’Université catholique de Louvain, réputée dans ce domaine. Son appartenance à l’Académie royale de Belgique ainsi qu’à l’Académie des Sciences d’Outre-mer de Paris lui a permis d’enrichir ses analyses et son champ d’investigation, à savoir : la diplomatie, qu’il a pratiquée pendant 35 ans.

Déjà auteur d’un abécédaire de la diplomatie, l’Ambassadeur Raoul Delcorde nous livre ici une fresque qui s’étend de la naissance de cet outil de conciliation, jusqu’à la diplomatie de demain, en passant par la période pendant laquelle il en a été un des acteurs.

Après avoir rappelé les débuts de la diplomatie moderne (Chapitre 1), il détaille ses trois fonctions, à savoir : représenter, informer, négocier ; puis il dresse un rapide tableau du « rituel diplomatique » (Chapitre 2) et rappelle quels sont les instruments diplomatiques : les représentations à l’étranger ainsi que le Ministère des Affaires étrangères (Chapitre 3).

Il entre alors dans le détail des différents volets de la diplomatie ; économique (Chapitre 4), d’influence (Chapitre 5), multilatérale (Chapitre 6), des sommets (Chapitre7), ou encore secrète et parallèle (Chapitre 8) et enfin, diplomatie de crise (Chapitre 9). Tous les aspects de cette activité sont ainsi traités, ce qui permet au profane qui se fait souvent une idée fantasmée et enjolivée de cette noble fonction, de se rendre compte de sa complexité. Celle-ci exige de nombreuses qualités, dont   une grande ouverture d’esprit et un esprit d’adaptation, compte tenu des changements d’affectation réguliers. L’exposé sur le langage diplomatique (Chapitre 10) vient utilement compléter ce panorama du rôle de la diplomatie.

Enfin, l’Ambassadeur Raoul Delcorde prend de la hauteur et expose la façon dont les pays orientent leur diplomatie en fonction de leur puissance et de leur rayonnement international, c'est-à-dire de leur « Hard Power » et de leur « Soft Power ». La diplomatie des grandes puissances, dans lesquelles il range la France et la Grande-Bretagne, même si elles répondent de moins en moins à ce qualificatif (Chapitre 11), puis celle des puissances moyennes (Chapitre 12) et celle des petites puissances (Chapitre 13) ; chacune ayant sa partition à jouer en fonction de ses atouts et de ses ambitions.

Fort de son expérience, l’Ambassadeur Raoul Delcorde se pose la question de savoir comment le monde va évoluer et au profit de qui, étant donné les signes de désoccidentalisation de la planète qui sont de plus en plus perceptibles (Chapitre 14). Mais on sent pointer un brin de nostalgie dans l’évocation de trois diplomates qui ont compté : un Pakistanais, un Soviétique et un diplomate « onusien », de nationalité brésilienne.

Dans sa conclusion, l’auteur se livre à plusieurs constats qui découlent à la fois des progrès dans le domaine des transports, d’un nouveau monde connecté et de la façon dont les chefs d’États et de gouvernements traitent les questions internationales, en ne laissant qu’un rôle secondaire aux Ministères des Affaires étrangères dans leur élaboration. Cela ne signifie aucunement que le monde pourrait se passer de diplomates, dans la mesure où les relations internationales sont devenues de plus en plus complexes. L’accroissement du nombre d’États indépendants, notamment depuis la fin des empires coloniaux et la désintégration de l’URSS a abouti à la multiplication par près de 4 du nombre d’États membres de l’ONU depuis sa création. Les négociations de tous ordres entre les États rendent encore plus indispensable qu’auparavant le rôle des diplomates, bien qu’ils soient de plus en plus concurrencés par les sherpas de leurs chefs d’֤États dans les rencontres les plus importantes.

Cet ouvrage consacré à « La diplomatie d’hier à demain » est présenté sous une forme didactique, claire et concise. Il sera fort utile à qui veut maitriser un tant soit peu les bases de la diplomatie, qu’il soit homme politique, étudiant, ou journaliste.

Il s’appuie sur l’expérience personnelle de son auteur en tant qu’ambassadeur, ainsi que des conclusions qu’il a été amené à en tirer.