De l'esclavage aux Comores

Comme le nom de l’éditeur peut le laisser supposer, celui-ci est spécialisé dans les publications d’ouvrages régionaux, plus précisément comoriens. L’essentiel de ses publications concerne effectivement les Comores, souvent en langue comorienne, mais il affirme vouloir étendre ses activités à l’ensemble du monde noir. On notera que ledit éditeur est une émanation de l’association du même nom, établie en France.

Ceci pour prévenir le potentiel lecteur, les ouvrages édités par Cœlacanthe ne se trouvent pas dans des librairies de quartier.

L’auteur a soutenu une thèse en 2014, sur ce même sujet. On peut donc supposer qu’au moins pour le tome premier, il s’agit ici d’une publication « grand public ». Cependant, le second tome traite de « l’influence des Makua dans la société », sujet connexe mais étroitement lié au premier. Car ces Makua « ont été achetés sur la Côte d’Afrique pour travailler dans les plantations et déportés aux Comores par des boutriers arabes ».

L’auteur commence, dans le tome premier, par expliquer les témoignages et archives auxquels il a pu avoir recours. Puis il retrace l’histoire du peuplement et de l’esclavage (étroitement liés) depuis les origines jusqu’à la fin du XV^e siècle. Il continue en décrivant à la fois les différentes formes d’esclavage, y compris « l’engagisme » qui, ici comme ailleurs (aux Amériques par exemple) prive l’engagé de tout droit. Enfin, il précise où se trouvent de nos jours les Makua, quelle place ils tiennent dans la société, notamment sur le plan culturel.

Ce qui annonce le second tome, véritable monographie. Il y décrit d’abord les facteurs de changements de l’ensemble makua (socio-économique, institutionnels) et se pose la question de savoir si la « mauvaise presse » des intéressés est le « signe d’intégration ratée »…

Ce deuxième tome comprend, in fine et en annexe un appareil critique de bonne qualité qui manquait au premier. Autrement dit, le lecteur intéressé par une assez sombre face de la sociologie des Comores, lira les deux tomes sans désemparer. Car cette face est assez mal connue.