Les Amériques, des constitutions aux démocraties : philosophie du droit des Amériques

Recension rédigée par Jean-Louis Baudouin


            Ce livre est un ouvrage collectif et multidisciplinaire. On remarque d’ailleurs que les trois directeurs de l’ouvrage sont, tour à tour, juriste, politicologue et philosophe.

            Le pari était osé mais parfaitement réussi. L’ouvrage regroupe 33 articles d’une grande variété dont il serait évidemment impossible de donner un compte-rendu détaillé ici. Pour ne prendre seulement qu’un exemple montrant la diversité des contributions, on retrouve ainsi un texte général de Laurence Whitehead sur le constitutionalisme en Amérique latine, à côté d’un article de Marcelo Ruffin intitulé  « Philosophie et ordre politique : la constitution de la nation en Argentine à travers la fiction littéraire ». Le livre est articulé en deux grandes parties : l’invention constitutionnelle et la modernité constitutionnelle renouvelée dans les Amériques (entendez ce terme surtout dans le sens des pays d’Amérique du Sud, même si des analyses de la situation des États-Unis restent aussi présentes). Plusieurs de ces textes portent plus spécifiquement sur l’Argentine, Haïti, le Mexique, l’Uruguay ce qui permetune lecture croisée intéressante et offre un portrait plus complet de l’évolution de la démocratie constitutionnelle dans ces pays.

            L’ouvrage traite, sous des éclairages parfois très différents, de l’évolution des pays d’Amérique du Sud dans la construction d’un ordre constitutionnel adapté à la culture juridique, sociale et anthropologique de chacun d’eux.

            Le lecteur ne manquera sûrement pas d’être intéressé au fil de la lecture par les rapports politiques marquant les relations entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire dans la construction des modèles de gouvernements républicains que l’on retrouve dans certains textes. C’est là un important intérêt du livre.

            Un second intérêt du livre est que l’analyse des problèmes posés par l’émergence du constitutionalisme ne reste pas une analyse proprement juridique mais fait appel à la sociologie, à la linguistique, à la philosophie, etc. La vision originale donnée par les différents textes est donc à la fois synchronique et diachronique.

            Bref, un ouvrage d’une grande richesse, parfois un peu difficile d’accès en raison de son langage multidisciplinaire, mais qui deviendra, sans doute possible, un important ouvrage de référence.