Auteur | Cécile Brochard |
Editeur | Honoré Champion |
Date | 2018 |
Pages | 264 |
Sujets | Politique et littérature 20e siècle Littérature comparée Roman 20e siècle Thèmes, motifs Dictateurs Dans la littérature Littérature africaine 20e siècle Littérature latino-américaine 20e siècle |
Cote | 62.302 |
Afrique et Amérique partagent beaucoup de similitudes. La gouvernance de ces pays nouveaux a été influencée par la vieille Europe, les indépendances, l’affrontement idéologique et économique Est Ouest qui se déroulent sur leur territoire. Au sud de ces continents séparés par l’océan Atlantique mais en fin de compte devenus proches depuis la traite des esclaves, des régimes dictatoriaux se sont malheureusement succédés, avec les mêmes conséquences néfastes pour les populations. Un champ que le roman ne pouvait pas ignorer.
L’agrégée de Lettres modernes et docteur en Littérature comparée Cécile Brochard, spécialiste des rapports entre la littérature, l’histoire et la violence politique poursuit dans cet ouvrage son exploration du roman de la dictature. Elle compare de manière convaincante les écrits et les réflexions traitant de la dictature en Afrique et en Amérique, en se référant aux grands auteurs qui se sont penchés sur ces phénomènes cruels. Ces dictateurs dénués d’humanité qui se sont maintenus au pouvoir grâce à la force, les drames et les souffrances de leurs semblables dont ils sont à l’origine, ont nourri l’imaginaire de nombreux grands auteurs : « Cette parenté dépasse les simples proximités thématiques et invite à considérer plus étroitement le dialogue poétique nourri par le roman de la dictature africain et hispano-américain contemporain, où les enjeux identitaires, culturels et linguistiques soutiennent une réflexion intense sur les liens entre esthétique et éthique romanesques » souligne Cécile Brochard.
Le Colombien Gabriel Garcia Marquez, l’Argentin Esteban Echeverria, le Guatémaltèque Miguel Angel Asturias, le Péruvien Mario Vargas Llosa, le Nigérian Wole Soyinka, l’Ivoirien Ahmadou Kourouma, le Congolais Labou Tansi et l’Algérien Yasmina Khadra constituent une partie des auteurs sur lesquels Cécile Brochard appuie son raisonnement. Une kyrielle de romanciers illustres qui ont participé, chacun à sa manière, à une plus large connaissance et donc dénoncé ces valeurs universelles bafouées, la terreur et le manque de liberté qui prévalaient il n’y a pas si longtemps encore dans beaucoup de pays de l’hémisphère sud. Ou bien qui perdurent toujours sous un ersatz démocratique, afin de donner le change à ceux qui, à l’extérieur, y trouvent leur compte.
Les noms Kadhafi, Pinochet, Papa Doc, Mengistu et de bien d’autres satrapes apparaissent au fil des pages écrites, et argumentées, suite à une profonde réflexion de l’universitaire française qui ne perd jamais de vue le rapport au roman et s’interroge : « la présence de ces sources historiques au sein de la fiction est-elle significative d’une stratégie auctoriale visant à confondre histoire et fiction ? ». Tout dépend si le roman est à fort ancrage historique ou si cette référence est floue estime en substance l’auteur, qui se réfère à des écrits de Rachid Mimouni offrant « à la fois le moins de repères spatio-temporels et une quasi-absence de noms propres… » .
En mettant en perspective sa démonstration émaillée d’extraits et de références concernant de grands écrivains du monde qui se sont penchés sur ce vaste sujet universel, Cécile Brochard a gagné son pari. Son livre, « Le roman de la dictature contemporain » est une référence.
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