La conquête des Amériques : Amérindiens et conquérants au XVIe siècle

Recension rédigée par Denis Vialou


            Cette approche historique de la conquête « des » Amériques propose d’entrée de mettre en relation de causalité trois évènements majeurs, concomitants en cette année 1492 des premiers contacts avec un continent nouveau : la « chute du royaume musulman à Grenade, l’expulsion des juifs et l’ouverture de la route vers les Amériques » (p. 25). L’analyse fouillée de ce triptyque circonstancié, est construite en trois parties, « La rencontre et les prémices de la conquête des Amériques », « La lutte pour les espaces américains : conquête et empires européens en Amériques » (p. 113-194) et « La conquête en question » (195-278).

            L’historique des premiers « grands voyages » fait valoir la fascination qu’en une quinzaine d’années ils ont induite, en particulier et d’abord auprès du royaume espagnol  puis sur l’arc méditerranéen des péninsules ibérique (avec le Portugal) et italique.  Le rôle dominateur et législateur de Rome (Vatican) y apparaît clairement. Le XVIe siècle est celui de l’ « appropriation » des espaces vierges de « civilisation »européenne dans les Amériques, centrale (et insulaire), sud-américaine (la « terre ferme ») avec les Espagnols et Portugais, catholiques évangélisateurs, puis finalement l’Amérique du nord, avec Français, Anglais et peuples protestants nord-européens. C’est aussi celui de la « Conquista » des Amérindiens, soumis aux contradictions permanentes des conquérants : bons ou mauvais sauvages, hommes ou pas tout à fait, à faire chrétiens ou à supplicier, à tuer massacrer ou laisser dans un état paisible mais circonscrits. Le XVIe siècle en Europe est celui des guerres de religion et de conflits politico-économiques sur lesquels pèsent les conquêtes américaines et leurs apports prodigieux en richesses économiques et alimentaires de toute nouveauté. Le balancement  compétitif entre la domination hispanique catholique des Amériques et les implantations protestantes successives, plus au nord (mais aussi au sud, comme au Brésil) se nourrit de toutes ces violences guerrières et religieuses dans l’Ancien monde européen, tout autant que sur les immenses territoires américains et que sur les mers océanes livrées à la flibusterie et la piraterie. L’analyse de la conquête des Amériques proposée par G. Wallerick est terriblement ensanglantée. Il a sans doute puisé une lourde inspiration dans son interprétationdirecte et documentée de l’iconographie, des récits et commentaires construits par les conquérantsespagnols et leurs interprètes, sur place ou restés en Europe, comme Théodore de Bry auquel l’auteur accorde une grande confiance.

            L’histoire offerte par G. Wallerick est passionnante à lire, malgré une écriture par endroits maladroite ou répétitive. Elle apporte des éclairages nouveaux  et originaux  sur les liens entre l’Ancien et le nouveau Monde des Européens et Américains, d’une actualité prenante, transatlantique.

 

 

                                                                                                        

 



 
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