Mollusques continentaux de la Martinique = Non marine molluscs of Martinique, lesser Antilles

            Il s’agit d’un ouvrage de synthèse bilingue (français, anglais) sur la faune de mollusques d’eau douce (25 espèces) et terrestre (61 espèces) de la Martinique qui compte donc au total 86 espèces connues. Mais certaines n’ont pas été revues depuis longtemps et d’autres sont encore à décrire.

            Disons-le tout net, c’est un travail remarquable à la fois sur le plan scientifique et sur le plan éditorial. Chaque espèce fait l’objet d’une double page : une page traitant de la nomenclature, de l’écologie, de la répartition et du statut patrimonial de l’espèce, accompagné d’une carte des stations où l’espèce est connue en Martinique ; une autre page illustrée de photos d’une remarquable qualité nous montant l’espèce sous différents angles et dans sa diversité. Des clés bien illustrées permettent les identifications.

            Un long historique sur l’évolution des prospections et des connaissances concernant la faune malacologique de la Martinique depuis le XVII^e siècle vient compléter cet ouvrage. Un autre chapitre traite de manière succincte mais précise des diverses menaces qui pèsent actuellement sur la faune malacologique. Sans surprise, la transformation des habitats due aux activités agricoles, industrielles et touristiques est la plus inquiétante.

            En ce qui concerne les 25 espèces d’eau douce, il n’y a aucune espèce endémique de l’île, mais 9 espèces introduites qui ne semblent pas avoir entrainé une érosion importante de la diversité biologique de l’île A l’exception cependant de l‘espèce, Biomphalaria glabrata, considérée comme native, et vectrice de la bilharziose, qui semble avoir disparu depuis 2003 à la suite de l’introduction de Melanoides tuberculata. A noter cependant que les canaux d’irrigation et de drainage qui étaient nombreux autrefois sont en régression, ce qui entraine aussi la raréfaction de mollusques pulmonés tels que les Biomphalaria.

            Parmi les espèces terrestres, 34 sont considérées comme indigènes dont 22 sont endémiques de Martinique. Il y a 27 espèces introduites. Certaines sont ancienne et souvent d’originerégionale. Mais d’autres proviennent d’Europe. Ce phénomène se poursuit actuellement.

            Sur le plan écologique il est intéressant de noter que la faune de mollusques de Martinique s’est enrichie considérablement en espèces sans que l’on puisse mettre en évidence une érosion significative des espèces natives. Ce constat va à l’encontre du discours des milieux conservationnistes selon lequel les introductions d’espèces sont une cause majeure de l’érosion de la biodiversité.

            En résumé un ouvrage de grande qualité destiné aussi bien aux spécialistes qu’aux naturalistes amateurs.