Auteur | Nicholas Thomas ; traduit de l'anglais par Paulin Dardel |
Editeur | Anacharsis |
Date | 2020 |
Pages | 507 |
Sujets | Colonisation Pacifique, Îles du Histoire Colonies Océanie Histoire |
Cote | 63.039 |
Directeur du musée d’Archéologie et d’Anthropologie de Cambridge, Nicholas Thomas nous propose une histoire du Pacifique entre la fin du XVIIIe et le début du XXe siècle, qui couvre la période des rencontres de plus en plus fréquentes entre les Occidentaux et les Océaniens. Seules quelques îles du Pacifique sont sous domination étrangère au début, puis la colonisation se répand dans toutes les îles avec toutefois de fortes disparités. Pendant cette période, les sociétés océaniennes allaient connaître un incroyable bouleversement culturel et un effondrement démographique tout à fait dramatique.
L’auteur s’intéresse essentiellement à la Polynésie et la Mélanésie. Il construit son livre de façon assez chronologique, en mettant en scène diverses expériences des Insulaires, qui viennent en quelque sorte interférer comme autant d’itinéraires croisés, dans une histoire jusque-là élaborée autour des activités des seuls acteurs étrangers dans leur conquête « civilisatrice ».
Il met ainsi en lumière la sophistication des ces sociétés indigènes et leur très grande mobilité avant l’arrivée des Européens, qui imposèrent des frontières artificielles entre les îles et les archipels, notions complètement étrangères à l’esprit de ces grands navigateurs.
Qu’ils soient explorateurs, commerçants, missionnaires, beachcombers ou capitaines de baleiniers esclavagistes, les étrangers sont ici mis en scène au travers de leurs relations avec les Indigènes. Mais au-delà de la volonté louable d’introduire les acteurs océaniens dans l’histoire de leur Océan, l’auteur se heurte toutefois à une difficulté récurrente : comment en effet prendre en compte leurs expériences de façon directe et authentique, sans le truchement nécessairement déformateur de la science analytique et des langues occidentales ? La bibliographie insérée en fin d’ouvrage est à cet égard révélatrice d’une vision presqu’exclusivement occidentale et singulièrement anglo-saxonne.
Il faut toutefois saluer l’effort accompli pour se rapprocher de l’Autre, pour essayer de mieux le comprendre dans la richesse d’une civilisation multimillénaire qui ne peut raisonnablement se réduire à l’histoire d’un siècle, fût-il dramatique à bien des égards. La résurgence de la Coutume, partout dans le Pacifique, en est une preuve tangible.
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