Auteur | Serge Dewel |
Editeur | Sépia |
Date | 2021 |
Pages | 268 |
Sujets | Afrique orientale Histoire Afrique centrale Histoire |
Cote | 65.668 |
Cet ouvrage agrémenté de 56 cartes et illustrations et de 11 « encadrés » est certainement une référence pour tous ceux qui s’intéressent à « l’Histoire Longue » de l’Afrique.
« L’Afrique fut prisonnière d’une vision négative la privant de sa réalité historique ».
L’étude de « l’Histoire Longue » ne commence réellement qu’en 1950 mais beaucoup reste encore à étudier et la remise en question du cadre spatial en fait partie, car, défini par les européens. « Afrique centrale », « Afrique de l’Est », « Grands Lacs » sont des vues des explorateurs mais ne coïncident pas avec « l’Histoire Longue ». Ce livre étudie l’espace et ses caractéristiques, l’implantation des langues nilotiques, couchiques et khoïsanes.
1. L’époque ancienne du 1er au XVe siècle.
La connexion avec l’Empire romain entre le 1er et IVème siècle est révélatrice des rapports marchands qui existaient dès cette période.
Dès le VIIème siècle et jusqu’au XVème siècle apparaissent des structures politiques documentées par des relations avec les royaumes de l’océan Indien. A cette période apparait la culture « swaheli ». Entre le XIIème et le XVème siècle dans la région qu’on appelle « les Grands Lacs » en fait région montagneuse et de grandes plaines, s’établissent des clans dynastiques. L’auteur remet en question les théories d’Alexis Kagame sur la domination de dynasties sur une population organisée préexistante de bantous qui donneront naissance au peuple Hutu.
Une nouvelle ère commence en 1497 avec l’arrivée des Portugais qui font intervenir l’Europe dans un monde essentiellement tourné vers l’océan Indien. L’apport portugais ne fut qu’un fait secondaire pour les swahelis mais très important pour l’Éthiopie que les Portugais voulaient faire entrer dans la sphère du Vatican. L’influence portugaise s’exerça sur tous les ports de la pointe de la Somalie au Mozambique.
L’analyse du royaume du Zimbabwe à travers les vestiges architecturaux a démontré les fortes liaisons entre ce royaume et les bantous.
2. L’époque pré coloniale et l’intégration au monde du XVIe au XIXe siècle.
La connaissance de la zone littorale est assez bien connue par les écrits jusqu’en 1828 des Portugais puis des arabes (Omanais) qui développent Zanzibar et Mombassa. Par contre, l’intérieur de l’Afrique de l’Est (Tanzanie, Kenya, Grands Lacs) est bien moins documenté. Ces zones vivaient de manière isolée de la zone côtière. Il semble que les Oromos eurent une expansion territoriale jusqu’en Éthiopie mais sans contact avec les Swahilis.
Tous les peuples de ces régions : les Luos, les Kalenjinns, les Kambas, les Masais et les Samburus semblent avoir été à la fois agriculteurs et éleveurs sans qu’il n’y ait eu de luttes entre eux. Contrairement à l’idée généralement reçue, la cohabitation semble avoir été la règle.
Avec l’essor du commerce de Zanzibar, les relations entre l’intérieur et la côte se développent à partir du XIXe siècle par le commerce des esclaves et de l’ivoire (il fut d’abord pratiqué par les Kambas vite remplacé par les Swahilis et ensuite dominé par les Arabes).
Dès 1834, une colonne d’esclavagistes atteint le lac Tanganika et en 1845, les négociants en ivoire et esclaves arrivent au royaume de Buganda.
3. L’épopée coloniale 1885 - 1914.
Cette partie traitée en 47 pages et parfaitement documentée.
Elle explique la mise en place des systèmes coloniaux à partir :
- de la domination des commerçants européens sur les commerçants arabes en partie ruinés par la fin de la traite des esclaves
- par l’accumulation des connaissances acquises par les géographes et les explorateurs.
L’analyse de la Conférence de Berlin démontre qu’il n’y a pas de partage de l’Afrique ni même d’établissement de sphères d’influence mais un renforcement de la présence européenne à partir des zones occupées sur le littoral vers « l’hinterland » défini comme zone d’influence.
C’est en fait l’accord germano-anglais de 1890 qui met en place un réel partage de l’Afrique de l’Est. Est aussi démontré le très important rôle, souvent discutable, des missionnaires chrétiens.
4. Colonies et contestations 1818 - 1960.
C’est une analyse très documentée de la colonie du Kenya avec la distinction entre la zone « utile » et le reste du pays, du protectorat de l’Ouganda et de la colonie du Tanganika sous mandat britannique.
Une part importante de cette étude porte sur le territoire du Rwanda-Urundi, avec une analyse très intéressante des rapports Hutu-Tutsi exacerbés par les comportements coloniaux qui créent une recomposition sociale imaginée « traditionnelle ».
5. Les États contemporains 1960 - 2000.
Cette partie est un rappel et une mise en continuité de l’histoire de ces pays (résumé en 33 pages).
Ce livre intéressera tous ceux qui veulent connaître les raisons profondes des crises actuelles dans ces régions.