Auteur | Jean Pruvost |
Editeur | Le Figaro littéraire |
Date | 2020 |
Pages | 128 |
Sujets | Français (langue) Histoire |
Cote | 63.171 |
Voilà bien un beau « trésor » sur la langue française. Et lorsque Jean Pruvost écrit en sous-titre « un vrai roman », le lexicologue qu’il est sait bien que le français a été le roman comme langue, avant de devenir un roman… Et cette histoire de la langue est précisément comme un roman d’apprentissage ou d’éducation, tout en étant historique, sentimental, grandiose et ouvert aux inventions autant qu’aux héritages. C’est ce qui en fait tout l’intérêt et la suave saveur.
Dans une présentation agréable, colorée et pleine de relief, l’auteur met en valeur à chaque nouveau chapitre, côte à côte, un titre et la quintessence de son contenu. On suit donc cette histoire des lointaines origines au « monde d’après » : quinze moments délicieux, gaulois, romains, germaniques, vikings, arabes ; puis la Renaissance, le XVIIᵉ classique, le XVIIIᵉ avec ses dictionnaires et l’Encyclopédie, le XIXᵉ avec une « langue diffusée et enseignée », le XXᵉ et XXIᵉ, pleins de bouleversements et qui voit aussi le développement de mots des pays francophones,l’apparition du numérique, sans oublier le français parallèle, dit marginal, qu’on trouve à toute époque, que l’argot, le rap et l’usage de codes particuliers rend présent et qui s’inscrit dans l’usage à défaut de la norme.
Cette traversée du français n’est pas un apprentissage de fastidieuses curiosités de la langue qui vérifient sens, orthographe, emploi à bon escient, mais une promenade aux bosquets attirants, pleins de couleurs vives, de spécimens et exemples rendant compte de la vivacité de notre langue, de ce qui en fait la richesse, la saveur et l’originalité. Car Jean Pruvost, qui côtoie ses multiples dictionnaires, aime s’y perdre avec raison, agrément et goût, pour nous accompagner dans la découverte de parterres fleuris et de statues sculptées au rythme du temps, comme dans un Versailles plein de fontaines jaillissantes, de petits bancs réconfortants de rencontres et surprises, au détour de la création verbale. Et ce qui étonne, c’est que tant d’éléments nous soient présentés dans un manuel d’un beau jaune d’or qui ne contient que 128 pages. Un trésor disions-nous, avec des pépites dont nous regrettons de ne pouvoir en dévoiler quelques spécimens. Mais un trésor mérite une quête qui en soit digne…
Autant dire qu’il faut lire ce bel ouvrage et le garder près de soi, pour le consulter à l’envi et sans modération.