Auteur | Jean-Claude Woillet |
Editeur | Lacour |
Date | 2018 |
Pages | 131 |
Sujets | Cap-Vert Histoire |
Cote | 62.381 |
Ce petit ouvrage traite de l’histoire de l’archipel du Cap-Vert, progressivement découvert par les marins portugais, à partir de 1456, 600 kilomètres à l’ouest de la presqu’île du Cap-Vert. Essentiellement volcanique, cet archipel de 10 îles dont 9 habitées ne compte qu’un volcan actif : Fogo, dont les éruptions se sont succédé. Certaines îles sont hérissées de reliefs comme Santo Antão, d’autres sont plates (Sal, Boa Vista) avec quelques rares témoins du socle. Les îles du Sud « sous-le-vent » se distinguent des îles du Nord : « Ȋles au vent », comme São Vicente, Sal ou Boa Vista.
« En janvier et février, des vents de sable saharien érodent le sol » : certes, mais ils déposent aussi quelques voiles sableux sur les versants, à côté de dunes. Du fait d’une pluviosité faible et irrégulière (en moyenne 240 mm à Praia), « l’aridité domine, certaines îles ... n’ayant pas d’eau douce », ou trop peu, notamment à Sal.
Sur cet archipel inhabité, les premiers colons importèrent du Portugal, d’Afrique ou du Brésil, des plantes alimentaires. Au Sud de l’île de Santiago, la première cité, Ribeira Grande, aujourd’hui Cidade Velha, deviendra « un extraordinaire jardin botanique d’acclimatation de plantes venues du monde entier ». Malheureusement, sur les autres îles, restées inhabitées, on lâcha en liberté bovins, chevaux et chèvres qui contribuèrent à « dégrader très fortement l’environnement » végétal de ce milieu sahélo-saharien très fragile. De surcroît, Ribeira Grande devint un centre de trafic et de transit d’esclaves africains. A défaut de femmes portugaises, les premiers colons prirent des femmes africaines, de sorte que Ribeira Grande deviendra « le berceau de la première société métis créole accomplie ». Ainsi se construira la langue créole intégrant portugais, wolof, mandingue. Ce n’est qu’en 1876 que sera aboli l’esclavage, huit ans avant le Brésil !
Ribeira Grande déclinera rapidement après avoir subi deux attaques de corsaires : F. DRAKE en 1585, puis J. CASSARD en 1712 ! En dehors d’une coquille (p.41) : le Cardinal Fleury fut ministre de Louis XV et non de Louis XIV, une erreur subsiste (p.44) : « En 1808, alors que les troupes napoléoniennes avec l’aide des troupes britanniques entrent au Portugal ... » !
La natalité qui demeure élevée entraîne, sur un espace utile réduit, un surpeuplement. Et pourtant, depuis le XVIIIe siècle, de nombreux épisodes de sécheresse ont entraîné des famines récurrentes et ont été cause de mortalité. « En 1940, on estime qu’un tiers de la population périt de faim, un tiers quitte le pays, un tiers reste... Depuis le début du (XXe) siècle, 85 000 Cap-Verdiens sont morts de faim ».
L’indépendance fut proclamée en 1975, après la révolution des Œillets. Il importe de souligner qu’ « en 2008, le Cap-Vert quitte le statut de PMA - « Pays Moins Avancé » - pour obtenir celui de « Pays à Revenus Moyens PRM » (3 700 $ par habitant). Après le Botswana et les Seychelles, c’est le pays le moins corrompu du continent, une démocratie stable sans coup d’Etat. Surprise : la principale exportation est le poisson tandis que le tourisme est en fort développement et que les envois de fonds de l’importante diaspora (700 000 émigrés pour 600 000 habitants) tirent également l’activité vers le haut. A noter la multiplication récente des projets chinois.
L’ouvrage se termine par une présentation sommaire des îles dans leur diversité. On peut regretter la médiocre qualité des photographies et des cartes ainsi que l’absence de bibliographie (cf. A. Chevalier, 1935, O. Ribeiro, 1951, N. Quint, 1997, S. Requedaz et L. Delucc, 2006 ...).
L’auteur conclut sur une note positive : le Cap-Vert connaît un réel développement grâce à la stabilité de l’Etat et à une bonne gestion des affaires publiques.