Auteur | Joseph Nil Robin ; Alain Mahé |
Editeur | Bouchène |
Date | 2018 |
Pages | 241 |
Sujets | Grande Kabylie (Algérie) 19e siècle |
Cote | 62.403 |
Le colonel Joseph Nil Robin (1837-1918) a publié, entre 1870 et 1905, en 6 volumes, une chronique politique et militaire de la Kabylie de 1830 à 1871, date de la répression de l’insurrection Kabyle.
Robin s’est toujours soucié de faire état de témoignages contradictoires pour établir les faits (Il est beaucoup mieux renseigné du côté français que du côté kabyle). Il est le seul à témoigner des contradictions qui travaillent la société Kabyle.
En 1856-57 les choses changent en grande Kabylie, et Robin étudie les témoignages et leurs interprétations, c’est-à-dire le sens que leur donnent les Kabyles. C’est là sans doute en quoi ce livre est le plus intéressant.
Une lecture difficile, car relatant par le détail, allant à décompter les chèvres razziées ou mortes, les mouvements de troupes et les escarmouches, ce livre est un compte rendu analysé de campagnes. Les analyses font ressortir les motivations souvent mercantiles ou du ressort de bandits de grands chemins mais pas de raisons patriotiques ou idéologiques. La lutte contre la France n’est souvent qu’une affaire d’assise de pouvoir d‘un clan sur l’autre selon des associations éphémères et changeante (on pourrait comparer cela avec les mouvements actuels dans le Sahel où beaucoup de trafics sont couverts sous le voile de la religion).
Un titre trompeur car pour les kabyles l’insurrection c’est 1871. Et 1856-1857 ne sont que des insurrections sporadiques et limitées. Le général Randon, gouverneur d’Algérie, parle de « résistance armée ».
Toutefois ce livre est d’une richesse infinie pour les chercheurs. Il fournit des tableaux généalogiques des tribus et sous-clans, les motivations de chacun d’eux, toujours différentes les unes des autres. La connaissance des patronymes kabyles.
Et surtout les contradictions et les inconséquences de la politique française qui se traduit dans la conduite de la lutte anti-insurrectionnelle souvent peu claire et changeante.
C’est certainement ce qui anime Robin à ne publier cet ouvrage qu’après sa retraite prise en 1857.