| Auteur | Alexandre Gandil |
| Editeur | Karthala |
| Date | 2024 |
| Pages | 380 |
| Sujets | Relations extérieures Chine Taïwan Quemoy (Taiwan ; île) |
| Cote | 69.059 |
Pendant les décennies qui ont suivi la retraite des Nationalistes du continent, Quemoy et Matsu ont représenté des avant-postes de la République de Chine (ROC) dans le détroit de Formose. Situés en première ligne, ces archipels ont d’ailleurs payé au prix fort la défense de l’île rebelle, tant ils ont été bombardés massivement et regulièrement par la Chine communiste entre 1954 et 1979. Les installations militaires défensives qu’il m’avait été permis de visiter il y a une quinzaine d’années à Kinmen, témoignaient bien de l’importance de cette ligne de défense, censée ralentir une invasion venue du continent. Aujourd’hui, les nouvelles capacités des arsenaux militaires et l’intérêt géopolitique de la partie nord du détroit ont rendu secondaire le rôle stratégique de Kinmen.
Pourquoi avoir envisagé un tel de sujet de thèse, alors que de l’aveu même de son auteur, le rôle qui était assigné à Quemoy n’est plus aussi pertinent ? Alexandre Gandil a choisi une autre perspective pour cette étude : celle d’un décentrement du regard porté sur la Chine continentale et Taiwan. Il s’agirait donc d’un cas d’espèces destiné à mieux comprendre les affrontements militaires qui s’y sont déroulés, ainsi que la genèse de cet archipel qui met « au défi l’histoire, le politique et la géographie en matière d’édification stato-nationale dans le monde sinophone ».
Tout d’abord, l’auteur, qui remonte aux origines historiques des peuplements du territoire, resitue l’archipel qu’il qualifie d’« angle mort dans le détroit de Formose » et il établit une généalogie de sa construction politique. Après avoir constaté la « double ligne de fracture de l’unité de la Chine entre 1943 et 1950 » ; Kinmen étant « un point d’arrimage contingent de Taiwan au continent chinois 1950-1979 », il envisage également l’imposition de la « question taiwanaise » dès 1979.
Dans les second et troisième chapitres, Alexandre Gandil traite chronologiquement les phases marquantes de l’évolution de l’archipel, situé à quelques encablures de Xiamen : « Kinmen et Taiwan au sein d’une République de Chine en repli (1949-1992) » ; puis « Kinmen à l’heure de la République de Chine (Taiwan) et de l’opposition ‘sino-taiwanaise’ (depuis 1992) ». Cette étude se poursuit par un certain nombre de considérations d’ordre géopolitique : « l’outre-mer : Kinmen, un ‘autre détroit’ » et « Lîle et le continent : Kinmen, ultime contre-exemple du déterminisme géographique ».
Alors qu’il n’est qu’un « confetti » situé à l’entrée du détroit de Formose, Kinmen, coincé entre deux entités rivales depuis soixante-seize ans a revêtu une notoriété et une importance géopolitique inversement proportionnelle à sa taille.
A la faveur de ce sujet, Alexandre Gandil, Docteur en science politique associé au CERI a réussi à remettre à sa place ce petit territoire, tant dans le jeu sino-taiwanais que dans ses relations avec sa quasi métropole : Taiwan.