Auteur | Jean-Pierre Cabestan |
Editeur | Tallandier |
Date | 2024 |
Pages | 427 |
Sujets | Deng Xiaoping (1904-1997) Politique et gouvernement Chine 1949-.... Chine 20e siècle Biographie |
Cote | 69.210 |
Depuis un siècle, quatre figures ont marqué l’évolution politique et économique du pays le plus peuplé du monde, la Chine : Chiang Kai-shek s’est fait oublier après 1949 où, battu, il se réfugia à Taiwan. Mao Zedong demeure la figure mythique et pourtant, il n’avait guère connaissance du monde extérieur et des réalités économiques. Il est trop tôt pour juger Xi-Jinping : que pense-t-il derrière son masque impénétrable ? Quant à Deng Xiaoping, il paraissait ouvert sur le monde où il avait vécu, entretenant des relations souriantes, jusqu’au drame de Tiananmen en 1989.
Jean-Pierre Cabestan, en relatant son parcours, nous aide à comprendre sa personnalité. Deng naquit en 1904 au Se Chouan où son père, petit notable, aida Xiaoping « petit et plat » à suivre l’enseignement Confucéen avant de l’envoyer en France de 1920 à 1926. Il y travailla en usine, avant d’adhérer à la Ligue Chinoise de la Jeunesse Socialiste où il rencontra Zhou-Enlai, avant d’être expulsé à Moscou.
De retour en Chine en 1927-1936, il entre au département politique de l’Académie militaire, avant d’être envoyé au Guangxi, au Sud, où il se montre communiste sans état d’âme, un dur. En 1935, il participe à la fameuse « Longue Marche » de Mao, devenant dans le front uni anti-japonais, « communicant du parti et de l’Armée rouge ». En 1945, peu après la capitulation japonaise, Deng est élu au Comité Central du Parti (PCC). Devant la progression communiste, les Nationalistes se réfugient à Taiwan.
Dès octobre 1949, Deng est envoyé occuper son Sud-Ouest natal. En 1950, Mao lui demande de « libérer le Tibet » qui avait déclaré son indépendance en 1913. En 1952, il devient ministre des Finances et adjoint de Zou-Enlai. En 1956, devant les troubles de la Pologne et de la Hongrie, pour Deng, « si le pouvoir du Parti communiste est menacé, la répression est la seule solution envisageable ».
Lorsque Mao (de « totale inculture économique ») lance le « Grand Bond en avant », Deng le critique et est limogé. En 1980, il dira de Mao : « Il avait un comportement féodal attardé ». A partir de 1965, la révolution culturelle fit 1,5 million de « morts non naturelles ». De 1969 à 1973, Deng est confiné dans le Jiangxi avant de pouvoir regagner Pékin. De retour aux affaires, la priorité de Deng est de nourrir la Chine mais « la politique de l’enfant unique est trop systématique ».
La principale préoccupation de Deng est la poursuite de réformes économiques et son attachement au Développement autoritaire : « si notre peuple se lance dans des élections multipartites, nous allons au chaos ». L’incompréhension se développe avec les étudiants qui occupent la place Tiananmen. Le 3 juin 1989, Deng « donne l’ordre de nettoyer la place avant l’aube ». Le nombre de victimes s’élève à un millier, trois fois plus selon certaines estimations. C’est un massacre (dont notre confrère, Éric Meyer, a fait le récit). Deng prend alors sa retraite officielle mais il poursuit « des réformes économiques » et confirme « son attachement au développement autoritaire » (face à la chute de Berlin) avant de décéder en 1997.
L’auteur s’appuie sur des notes précises et nombreuses ; sa bibliographie est imposante. L’index des noms de personnes demeure difficile pour les non sinologues mais la table est claire et simple.