Il est aujourd’hui considéré comme une réalité que les peuples du Pacifique ont subi une forte perte de population après le passage et les contacts successifs avec les navires d’exploration venus d’Europe. La phase de colonisation a dans certains cas amplifié ce phénomène.
L’auteur nous fournit un certain nombre de données (issues de la littérature et des traditions orales) sur la démographie et leur analyse confirme les hypothèses les plus pessimistes, avec plus de 90% de perte de population pour certaines iles ou certains archipels. La raison principale est le plus souvent incriminée à l’absence d’immunité aux virus, bactéries et maladies apportées par ces navires, mais d’autres causes pourraient être considérées, et en particulier :
- les apports de technologies qui ont changé les relations des iliens avec leur environnement (les outils en fer comme les haches ont accéléré le déboisement) ou avec leurs compétiteurs locaux pour les ressources naturelles (l’apport d’armes à feu dans certains sites a changé les relations entre villages et augmenté le nombre de fatalités lors des combats).
- le changement dans leurs croyances religieuses et dans leur structure sociale : les missionnaires de tous bords les ont considéré comme des êtres inférieurs sans culture ni tradition alors qu’ils avaient une structure sociale forte leur permettant de survivre dans des environnements de taille réduite sans épuiser les ressources existantes.
- la colonisation et l’utilisation d’une partie de la population pour assurer la production de ressources pour leur commercialisation (force de travail ou esclavage ?)
L’auteur étant originaire de Nouvelle-Calédonie indique dans l’avant-propos la difficulté d’aborder ce sujet qui a certainement concerné ses ancêtres, mais son ouvrage reste posé, réfléchi, et analyse tous les éléments à sa disposition sans parti-pris. Il a choisi pour titre le terme d’hécatombe mais dans le texte ou dans la conclusion, on sent souvent venir en arrière- pensée le terme de génocide qui serait peut-être plus approprié lorsque les données seront plus complètes.
Pour chaque site étudié, l’auteur a cherché à analyser les impacts de cette baisse démographique du point de vue politique, social et culturel, et les adaptations locales pour lutter contre ce phénomène.
Il fournit dans cet excellent ouvrage facile à lire et bien illustré une base d’informations pour permettre aux peuples du Pacifique de mieux comprendre leur histoire et de considérer leur avenir en s’appuyant sur leurs racines et leurs traditions.