Ce livre volumineux frappe tout d’abord par l’importance et la qualité de l’iconographie qu’il présente. 72 pages contiennent des textes rédactionnels en général bien documentés. L’ouvrage est un mémorial d’une œuvre française et même franco-éthiopo-suisse à l’origine tombée en désuétude.
Il est néanmoins à relever que la volonté impériale de Menelik relayée après sa disparition par le RAS Tafari le futur Haïlé Selassié y est très bien décrite. Les atermoiements après la relation du premier tronçon Djibouti-Diré Daoua en vue de joindre les hauts plateaux abyssins et la nouvelle Capitale Addis Abeba sont bien présentés.
Si une part excessive est donnée aux photographies de genre, les populations, les œuvres du rail etc… il n’en demeure pas moins vrai que les concepteurs et ingénieurs ne sont pas laissés en reste.
On peut dire de cet ouvrage qu’il s’agit bien d’une saga de l’histoire d’un projet français en vue d’ouvrir à un nouveau pays notre influence tant politique qu’économique. Il n’en est pas moins vrai que, du côté français, la création de ce chemin de fer va être un élément supplémentaire pour faire de Djibouti, au détriment d’Obock, la capitale de la côte française des Somalis.
Il est également à noter que quatre de nos illustres prédécesseurs ont joué un rôle important relaté par l’ouvrage : en premier lieu le ministre des Colonies André Lebon
(1859-1925-1938) qui donna l’autorisation de traverser le territoire de la Côte française des Somalies (page 38) écartant ainsi la concurrence anglaise du port de Zeilah. En second lieu, et en toute première importance (un chapitre entier lui est consacré), Charles Michel-Côte, président du chemin de fer à la fois explorateur, homme d’affaires ainsi qu’un des membres fondateurs membre titulaire de notre académie (1872-F-1959), Monseigneur André Jarosseau (1858-1936-1941), évêque Capucin de Harar et précepteur du futur Hailé-Sélassié, membre libre de notre académie, qui asseoit le poids économique du train en installant à Diré-Daoua (Addis-Harar c’est-à-dire la nouvelle Harar puisque le train n’avait pas pu escalader la falaise de » Harar). Le quatrième de nos membres étant le premier gouverneur très entreprenant qui s’installe à Djibouti en 1896 Léonce Lagarde (1860-1925-1936) ce qui déterminera le terminus du rail et donc la victoire sur les anglais.
A la lecture de ces quelques lignes et sachant que dans cet ouvrage, la postface de l’ambassadeur Belliard l’affirme, ce chemin de fer est au cœur de ce que fut la présence française dans l’Afrique des hauts plateaux de l’est. Le Shemen de fer comme l’écrit Pierre Javelot est une épopée.
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