Nos carnets d'Ethiopie

Auteur Laurent et Corinne Mérer
Editeur Rocher
Date 2013
Pages 235
Sujets Éthiopie
Descriptions et voyages

1990-2020
Cote
Recension rédigée par Yves Boulvert


Pourquoi un récit de voyage en Éthiopie où tant de voyageurs ont succédé à tant d’explorateurs ? À ceux cités dans la bibliographie, on pourrait rajouter A. d’Abbadie, Ch. Rochet d’Héricourt, G. Lejean, A. Raffray ou M. Leiris …

            L’Éthiopie est vaste et les auteurs n’ont pu visiter ni les régions noires méridionales (Omo) ni les déserts de l’est : Danakil ou Ogadem. Leur itinéraire est assez classique : grand périple au nord d’Addis-Abeba vers le lac Tana, le Tigré, puis retour vers Lalibela et l’escarpement du Rift avant une extension vers Harar à l’est. Corinne Mérer, professeur, s’occupe plus de la préparation du voyage (livres, guide, Internet et forum) tandis que Laurent Mérer, ancien marin, rédige le compte-rendu, à partir des notes prises durant les longues heures d’attente. Sans connaître les langues locales, les auteurs voyagent en routards, sac au dos, utilisant les transports locaux : bus, camions mais aussi la marche dans les monts Simiens par exemple.

            Les paysages sont toujours aussi grandioses et la pauvreté dramatique, tandis que la progression démographique se poursuit. En 2011, la population éthiopienne atteignait 85 millions d’habitants (cf. p.21 et non 94, p.155). En 2006, nous avions encore vu le chemin de fer qui se traînait deux fois par semaine entre Djibouti et Addis-Abeba. Supprimé, il est supplanté par la route, les auteurs s’étonnant de « l’abondance des carcasses (de voitures) amoncelées dans les terrains vagues », comme nous l’avions été par celles des chars au nord et à l’est du pays. De même, leur interrogation sur les gros 4x4 des multiples ONG sera récurrente, non moins que la disparition des signes de francophonie face à l’emprise linguistique anglo-saxonne ou technique chinoise.

            Se disant non géographes, les auteurs ne sont pas spécifiquement intéressés par les formes des reliefs volcaniques ou les reliques tant animales que végétales. Ils aiment voyager hors des sentiers balisés : « Nous aimons trop la liberté, l’imprévu, les rencontres ». Voyageant sans guide à Gondar de même qu’à Lalibela, « nous ratons sûrement des merveilles … Nous avons le bonheur d’appréhender tous les deux de la même façon le voyage, impressionniste plutôt qu’académique ».

            Cette suite d’impressions est agréable à lire. Devant les peintures naïves : « Je suis frappé par la fixité et la profondeur des regards ». Plus loin, « L’église d’Éthiopie si proche par les racines, si lointaine par les coutumes fascine depuis longtemps notre occident en quête d’émotions et de merveilleux ». Certes, l’Éthiopie n’est pas encore prête pour le tourisme de masse, faute d’hôtellerie notamment. Les petits établissements alternent toujours coupures d’eau et coupures d’électricité : « Nous visitons sept chambres avant d’adopter la bonne, pourvue de robinets en état et d’eau chaude … Nous souhaitons que le tourisme reste un artisanat authentique avec ses imperfections … L’essentiel demeure la rencontre … »