Conçu dans une collection intitulée « Du côté des Amérindiens », cet ouvrage s’inscrit dans des travaux en Histoire autochtone. Il est non seulement une présentation historique de communautés face à la conquête française et anglaise, mais une recherche très intéressante sur le développement de l’écriture dans les régions du Bas-Canada.
Seize chapitres nous font côtoyer Hurons et Abénakis, avec la date essentielle de 1762, qui marque le changement d’interlocuteurs dans les négociations, à savoir Anglais après Français.
Trois documents et une importante bibliographie suivent.
Après un premier chapitre de présentation des autochtones, l’auteur définit les concepts de « culture » et de « transfert culturel ». Le chapitre trois en vient alors à l’implantation de l’écriture. Les quatre chapitres suivants établissent la prise de position de l’écriture, dans des pétitions, des textes juridiques, et on découvre comment cette écriture est une source d’indépendance, mais doit jouer avec les éducations ou idéologies en place, et bien entendu la religion qui oppose Français et Britanniques. Plus sociologiques, trois chapitres ensuite montrent comment avec l’écriture les élites se distinguent, parfois aux dépens du peuple, avec cependant une progression vers la démocratisation. Les chapitres 11 et 12 placent la réflexion dans la construction et les revendications identitaires. Les trois chapitres suivants abordent l’apport de l’écriture, « outil pour l’histoire », « outil de pouvoir incomplet », enfin « vecteur idéologique ». Enfin le chapitre 16 analyse ce que présentent les écrits autochtones à la fin du siècle. On a ensuite des documents de correspondance significative, et une abondante bibliographie et sitographie.
L’étude est très riche, sur des documents locaux et de sources multiples. Fort d’une analyse à la fois historique, juridique et sociologique, l’auteur fait découvrir comment l’alphabétisation, l’écriture, son apprentissage et son développement ont transformé les sociétés dans les contacts religieux, les luttes de pouvoir et la quête d’identité. Si parfois on tend à se disperser, c’est en raison des multiples documents et domaines abordés, et on reste très intéressé par cette importante contribution à la connaissance des Amérindiens et de l’histoire autochtone.