Les articulations entre l’Europe en construction et un lointain Outre-mer qui n’obéit pas aux mêmes ambitions ou préoccupations ont donné lieu, dans les deux ou trois dernières décennies, à une bibliographie déjà abondante. Pour quelques-uns de ces ouvrages, il a été rédigé ici des notes de lecture. Par exemple, « L’Union européenne, modèle de puissance ou puissance modèle dans l’océan Indien ? ».
Dans l’ouvrage ici sous revue, ont apporté leur contribution quatre « praticiens » de la coopération avec les Outre-mers (député, rapporteur pour « la coopération des régions ultrapériphériques françaises » à la Commission européenne), seize chercheurs universitaires. Ces derniers à la bibliographie de dimension variable sont de véritables spécialistes des Outre-mers, de leurs administrations, de leurs législations, de l’enseignement qui y est donné, de leur environnement régional. Et ce (généralement spécialistes) pour une région donnée, Antilles-Guyane, Océan Indien (Hélène Pongérard-Payet est basée à l’université de la Réunion, elle y appartient au département Droit et économie).
Une courte biographie des contributeurs figure utilement en tête d’ouvrage.
Le titre interroge directement le lecteur : de quelle nature est donc ce soutien ? Le professeur Loïc Grard, préfacier, donne d’entrée de jeu une première piste : l’Outre-mer serait un « laboratoire de droit européen ». Dans son avant-propos, Hélène Pongérard-Payet définit les enjeux actuels en cause, institutionnels, juridiques et financiers de cette coopération. Suivent de longs « prolégomènes » qui développent les contenus et les raisons de la place des coopérations ultramarines, notamment françaises, qui contribuent à la fois à la conceptualisation de la notion de coopération régionale (un ordre public qui ignore les frontières, mais de façon institutionnelle, remise en cause de la centralité diplomatique, une codirection du pouvoir central et du pouvoir local…).
En trois parties, les contributeurs analysent tout d’abord les acteurs institutionnels en présence, le cadre et les outils juridiques de la coopération ultramarine, le financement européen de ladite, avec des exemples de programmes et de gestion des financements.
Des « propos conclusifs » terminent l’ouvrage avec les conséquences possibles du Brexit mais aussi un appel d’Hélène Pongérard-Payet à renforcer ce soutien européen à cette coopération régionale.
Le lecteur généraliste peut être partagé à la lecture de cet ouvrage, souvent ardu pour qui ignorerait ce que représente le rôle de l’Europe institutionnelle à travers un monde ultramarin dont il pense souvent, s’il est français, que l’Outre-mer est d’abord une affaire française. Le lecteur plus impliqué dans le puzzle géopolitique mondial de ce début de vingt-et-unième siècle trouvera ici des informations, voire des mécanismes et objectifs peu souvent traités par nos médias nationaux. Ou comment notre Europe institutionnelle est en mesure et se fixe entre autres objectifs d’aider à faire exister d’autres entités de par le vaste monde.
On regrettera un appareil critique un peu faible, hors les notes de bas de page. La seule carte figure de façon très schématique sur la couverture, on eût aimé qu’elles soient plus nombreuses dans le texte. Réserves mineures au regard de la nouveauté de l’approche des contributeurs.
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