Trésors des métiers d'art de Fès : Marcel Vicaire, 1893-1976, artiste peintre, ancien inspecteur des Arts et Métiers marocains de 1923 à 1958

Recension rédigée par Henri Marchal


Les textes édités dans ce recueil rassemblent dans un ordre chronologique des articles publiés par Marcel Vicaire (1893-1976) dans les revues du Protectorat et des documents inédits conservés dans sa famille qui a souhaité aujourd’hui les faire découvrir. Ils retracent l’activité de celui qui fut depuis 1924 inspecteur des arts indigènes et inspecteur des Beaux-Arts et des monuments historiques pour la ville de Fès et toute la « région nord » du Maroc et ensuite en poste à Rabat à partir de 1945. Son action (fort bien décrite en avant-propos par Claire Déléry – qui fut commissaire scientifique de l’exposition sur le Maroc médiéval au Louvre en 2015- et Bulle Tuil Leonetti) s’étendit sur de longues années et se poursuivit au-delà de l’indépendance du pays en 1956. Il fut un acteur décisif de la protection du patrimoine marocain qui constitua un axe essentiel de la politique du maréchal Lyautey en faveur du maintien de l’identité culturelle du Maroc. Ses talents d’artiste-peintre l’ont servi pour relever les décors et les formes des monuments et des objets remarquables du pays. En lien avec son soutien à l’artisanat local, ses campagnes de prospection ont permis de constituer des collections d’œuvres et de les réunir dans des musées, notamment au musée du Batha à Fès, pour le plaisir du public, mais aussi pour la préservation des techniques artisanales, en relation avec son collègue Boris Maslow.

Ces textes s’ouvrent sur une de ses dernières interventions, une interview relative à « La Mosquée Qaraouyine » (Confluent, 1958).

            Un premier groupe de textes correspond à des conférences, destinées les unes à présenter le patrimoine architectural des grandes villes marocaines (Casablanca, Rabat, et plus particulièrement Fès) et leur spécificité, les autres à promouvoir l’artisanat et les métiers ou à vanter la beauté de quelques productions, comme les poignards célébrés pour leur ornementation.

            Un second groupe reproduit des articles se rapportant aux fonctions exercées par Marcel Vicaire comme inspecteur des arts indigènes et conservateur du musée du Batha : Richesses artistiques de Fès (Nord Sud, 1932), Foire du Commerce et de l’Industrie à Fès (Annales coloniales, 1935), Fabrication du fil d’or à Fès (Hespéris,1937), Vestiges archéologiques dans la région de Fès (Hespéris,1938), Techniques du tissage, de la reliure à Fès (1938), Damasquineurs de Fès (Congrès des Sociétés savantes de Tunis, 1939), Quatre mesures d’aumône (Hespéris, 1944), Les sabres (Catalogue du musée du Batha, 1944), L’artisanat, sa rénovation (Revue de la France d’Outre-mer, 1948), Préface aux Bijoux arabes et berbères du Maroc par Jean Besancenot (1953), L’artisanat marocain (Bulletin de la Société Neufchâtelloise de Géographie,1953), Le Maroc au travail (Revue des Forces Françaises de l’Est,1954).

            Un troisième groupe est composé de notes préparatoires à une publication : industrie du tapis à Rabat (1924), description des métiers de Fès (1930), un cartable du musée du Batha (1933), notes de route Tanger-Tétouan-Chéchaouène (1934), notes sur la Mission des tisserands en France (1951), la musique marocaine (1954).

            Enfin, Marcel Vicaire se consacra, après l’Indépendance, à la promotion des peintres marocains (plaquettes de présentation de la jeune peinture marocaine, 1957-58) et favorisa l’enseignement de la danse et de la musique. L’ouvrage s’achève sur la biographie de Marcel Vicaire.

Tous ces textes dressent le portrait d’un homme, passionné par sa mission, amoureux du pays et attaché à la préservation de son patrimoine architectural et de ses métiers d’art. Comme Claire Déléry le souligne dans sa conclusion, Marcel Vicaire ressentait en dépit de la qualité de son œuvre de l’amertume en constatant la disparition de certains savoir-faire et de nombreuses structures architecturales historiques. Partageons avec elle, le souhait que cette publication oriente la réflexion des responsables marocains vers la défense et la conservation de leur illustre patrimoine.