Albert Baratier dit l'Africain : un Comtois dans la tourmente

            Dans cet ouvrage, le général Jean-Louis Vincent, membre de l’Académie de Franche-Comté, rend hommage à un autre militaire comtois, le général de division Albert Baratier (1864-1917) qui eut son heure de gloire en Afrique lors de la Mission Marchand mais dont la vie est peu connue, y compris son décès « à la tranchée », il y a un siècle exactement.       

            De petite taille (1,58 m.), il fut « d’une prodigieuse énergie, doublée d’une volonté sans faille ». Brillant cavalier, il s’ennuie rapidement en garnison et rêve d’action. Détaché hors cadre, il devient spahi soudanais, participant en 1891-1892 aux campagnes contre les chefs Ahmadou et Samory. En 1894-1895, il est rattaché, en pays Baoulé, à « la colonne de Kong », accompagnant Monteil contre Samory à nouveau. Devenu ami de Marchand, Mangin et Germain, il prendra part avec eux à la célèbre mission Congo Nil qui, après avoir atteint Fachoda, devra se replier vers l’Ethiopie et Djibouti. Il est nommé général en 1914. Bientôt, la cavalerie devra mettre pied à terre pour participer à la guerre de tranchée. Il y décède d’une embolie et meurt « pour la France ... des suites de ses blessures ».

            Doué de solides qualités de conteur ; il a relaté dans divers ouvrages les incidents de ses Épopées africaines. On se rappelle sa description apocalyptique de la forêt dense humide, son exploration en pirogue du Mbomou Mbokou ou son errance à travers les marais du
Bahr-el-Ghazal. Il était également remarquable cartographe (cf. la carte de la Mission Marchand). On connaît moins ses qualités de photographe, la plupart de ses clichés étant conservés par des petits neveux, lui-même étant demeuré célibataire.

            Il aime l’Afrique et « ses » Noirs dont il signale le dévouement, mais il est un homme de son temps : « Apporter la civilisation, supprimer l’esclavage, inaugurer une ère de liberté et réaliser cela sans heurts, sans verser de sang ... Quel beau rêve !... ».