Auteur | sous la direction de Alain Ruscio |
Editeur | Les Indes savantes |
Date | 2017 |
Pages | 517 |
Sujets | Colonies France Histoire Encyclopédies |
Cote | In-4 1987 (Delafosse) |
Comme il avait été supposé à l’occasion de la première recension parue en 2017, il est peu probable que la totalité de cette encyclopédie se limite à quatre volumes, puisque de second ne traite que de la lettre C. Pas de nouvelle présentation ou modification des explications, objectifs ou finalités fournies dans le premier volume. Ici on entre directement dans le vif du sujet.
Sauf erreur de décompte, cinquante-six auteurs ont contribué à ce second tome, dont au moins deux confrères de l’ASOM. Il contient plus de deux cent cinquante rubriques et part de « Ca Nha ou Cagnat » pour arriver aux « cyniques & cynisme », en passant par « camps Viet Minh », « camps de détention en métropole » (ou « en Algérie »), « Crouillat(s), Krouillat(s) ou Crouilles ».
On connaît l’histoire de ce dernier mot : à partir d’un mot d’arabe dialectal d’Afrique du Nord qui signifie « mon frère », le détournement méprisant est évident. Pour qui eut l’occasion d’arriver de nuit dans un bordj, l’exclamation « Khouilla », mon frère, était celle, amicale et évidemment fraternelle, de l’habitant réveillé par un inconnu.
Comme dans le précédent tome (A/B), de courtes rubriques biographiques sont consacrées aux auteurs des rubriques : on y trouve des universitaires ou chercheurs, des journalistes, des romanciers, au moins une ancienne victime de la répression française en Algérie.
La dernière rubrique, « Cynisme & cynique(s) », ne traite évidemment pas des philosophes antiques mais en près de sept pages (rubrique la plus longue), époque par époque (celle de l’esclavage et celles de la période coloniale récente), région par région (de l’Afrique noire en passant par l’Algérie, le Maroc, Madagascar, l’Indochine…). « Certes, le cynisme suppose la conscience de la part de celui qui en fait preuve, des malheurs de l’Autre. Or parfois, les colonisateurs allaient si loin dans le mépris qu’ils ne se rendaient même pas compte des énormités proférées. En ce sens, au bénéfice du doute, on peut considérer que ce n’était pas du cynisme pur. Mais cet inconscient était-il moins grave ? ».
Comme dans le précédent tome, aucune indication quant aux conditions ou aux discussions qui ont accompagné le choix des rubriques. Mais surtout, on refera la même remarque que pour le précédent tome : peu de recul dans les choix, souvent à charge, on regrette l’absence d’analyses plus approfondies sur les fondements du système colonial et plus généralement impérialiste, les interférences entre colonisés et colonisateurs, les changements apportés aux structures socio-économiques et géopolitiques des populations colonisées et colonisatrices, le « postcolonial ».
Certes, des personnalités marquantes et de couleur noire, tels les Mortenol, les Éboué, les Maran, firent en leur temps l’objet de fort désagréables remarques de la part de certains de leurs contemporains blancs. Le nier serait absurde. L’expliquer par l’essence même du colonialisme, sans resituer celui-ci dans son contexte géopolitique est insuffisant. Il ne s’agit évidemment pas à travers cette observation de contester les aspects déplaisants à nos yeux d’aujourd’hui de l’époque coloniale.
Comme il a été dit à propos du précédent tome de cette encyclopédie, les rubriques de celui-ci sont toutes intéressantes, même et surtout si elles appellent de la part du lecteur la discussion éclairée et souvent critique, certains partis pris étant trop sommaires.
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