Dans les savanes arborées du Tchad : voyage en agriculture

Recension rédigée par Jean Nemo


Est-il nécessaire ou utile de présenter notre confrère Clément Mathieu, auteur de cet ouvrage et de nombreux articles ou de monographies dans des revues spécialisées ? Quelques mots cependant pour ceux de nos confrères qui n’appartiennent pas à la 4ème section.

Homme de terrain, désireux cependant de transmettre ses connaissances à autrui, il commença sa carrière à Laon, au BRGM, avant de parcourir le vaste monde ultramarin, tout d’abord au Maroc. Il fut également et chronologiquement professeur de science du sol et d’irrigation à Bujumbura, chef de projet PNUD/FAO à Bangui. Plus récemment, il a consacré partie de sa retraite à de la consultance. Donc homme à la fois de terrain, de savoir à transmettre, sa bibliographie accessible au « grand public » est raisonnablement abondante, sans commune mesure toutefois avec de nombreuses collaborations dans la presse spécialisée de son domaine.

L’une des régions du monde qu’il connaît le mieux est précisément celle dont il rend compte dans l’ouvrage sous revue, soit ces « savanes arborées », néanmoins lieux d’agriculture.

En quatorze chapitres, il les parcourt mais pas seulement en expert du sol ou de l’agriculture. Car il les resitue par rapport à des enjeux plus vastes, d’abord comme précisé dans son introduction celui des évolutions rapides des économies de pays réputés être enclavés et pauvres de nature, elles laissent le paysan et ses formateurs souvent désemparés : « Les paysans tchadiens sont prêts à s’engager dans une révolution verte de grande envergure s’ils sont aidés et encadrés comme il le faut… », ce qui est de « la responsabilité des autorités nationales, du gouvernement et du chef de l’État qui devra être engagée » (4ème de couverture).

Dans le premier chapitre, l’auteur rappelle d’abord ce que sont les grandes zones qui constituent le Tchad : Sahara, Sahel, savanes, seuls le Sahel et les savanes permettant une exploitation agricole.

Les chapitres suivants précisent les modes d’exploitation actuels, ce que sont les exigences de la sécurité alimentaire et d’un véritable « développement rural », du rôle des paysans dans ces deux dimensions. Ils rappellent également – guère étonnant de la part de l’auteur – ce que sont les sols et leurs besoins, « l’intégration culture-élevage ». Ils développent les besoins et les limites de la mécanisation (incidemment, l’auteur rappelle la place centrale du forgeron traditionnel et modernisé).

Puis viennent le coton et ses crises [NB personnel : qui mériteraient à eux seuls bien des ouvrages dont un certain nombre ont déjà été édités, sous forme de rapports publiés ou de critiques de fond, car longtemps imposé de façon « musclée » aux paysans].

Balayant la totalité du champ exploré, l’auteur vient ensuite rappeler qu’il existe des particularités agricoles, celles des cultures maraîchères péri-urbaines, celles aussi du micro-crédit.

Puis viennent des chapitres consacrés à la formation et à l’information, aux ONG et à l’apparition du…pétrole, redoutable concurrent de l’espace et des paysans.

Dans le dernier chapitre, intitulé « Sortir de l’impasse », l’auteur rappelle que les « fonctions régaliennes » ne sauraient se détourner de l’obligation d’accompagner les paysans via notamment « l’efficience des services agricoles ».

Pour qui a vécu personnellement et jusqu’à très récemment les problématiques évoquées dans l’ouvrage, celui-ci appelle de nombreux commentaires, certes pas de contradiction mais surtout de compléments. Pour le lecteur plus généraliste, ouvrage à lire comme un témoignage vécu des problématiques et des questionnements du développement rural mais aussi du développement en général.