Auteur | Charles-Édouard Leroux |
Editeur | L'Harmattan |
Date | 2019 |
Pages | 195 |
Sujets | Mémoire collective Philosophie Conscience historique Philosophie Mémoire collective Aspect politique |
Cote | 63.076 |
Le thème de ce livre est annoncé dès la première phrase : comment les sociétés se souviennent-elles ? Et l’auteur explique d’emblée que “la mémoire collective n’est pas unanime” et qu’il y a bien plutôt “des mémoires distinctes, voire conflictuelles”. Son auteur est un professeur (retraité) de philosophie, qui a travaillé au Mémorial de Caen.
Dans une première partie, Charles-Édouard Leroux interroge les “contrats de mémoire”. Il examine subtilement ce qu’on appelle “le devoir de mémoire” et son lien avec la mémoire officielle et les lois mémorielles. Il établit un lien avec le fonctionnement des démocraties et écrit fort justement que “tout projet constitutif d’avenir ne peut que s’appuyer sur une mémoire”. La seconde partie du livre est une réflexion sur les commémorations. L’auteur note à juste titre que les commémorations renforcent la cohésion nationale. Mais elles ne font que se multiplier, sous la pression des “lobbies de la mémoire” (mémoire de l’esclavage, mémoire des harkis, mémoire des Pieds-Noirs, etc.). L’auteur met en garde sur le risque d’une fixation pathologique sur le passé. Aujourd’hui, note l’auteur, “une commémoration officielle ne saurait avoir d’impact sans une médiatisation réussie”. Phénomène que l’auteur déplore car “la commémoration ne relève plus que de l’instant, donc de l’anecdote”.
La dernière partie de l’ouvrage a pour titre “la mémoire contestable”, c’est-à-dire une mémoire qui occulte les faits pour se laisser envahir par la nostalgie.
Ce livre fourmille de commentaires judicieux, quoique parfois un peu décousus. L’auteur témoigne d’une réelle culture littéraire et philosophique, outre ses connaissances historiques. Mais il est dommage que ce livre soit dépourvu d’une bibliographie, même succincte. Certes, les notes en bas de page renvoient à des ouvrages mais le livre est émaillé de références (par exemple l’ouvrage de Jan Assmann intitulé La mémoire culturelle ou encore celui d’Anne-Marie Thiesse intitulé La création des identités nationales, (cf pp 46 et 47 du livre) sans les données bibliographiques complètes.
On relèvera aussi une tendance de Leroux à étirer sa pensée sur de très longues phrases. Ainsi le chapitre 14 commence par une phrase de…16 lignes. Cela oblige souvent le lecteur à relire pour comprendre de quoi il s’agit. L’auteur aime inventer des mots de toutes pièces comme celui de “mythose” au chapitre 14, terme associant mythe et névrose, pour désigner cet état de la mémoire dépossédée de tout référent culturel.
Ce livre, d’une manière générale, demeure une contribution utile à la réflexion sur la question mémorielle.
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