Auteur | sous la direction de Pascal Maguesyan |
Editeur | Première partie |
Date | 2020 |
Pages | 247 |
Sujets | Patrimoine Irak Mésopotamie |
Cote | 63.261 |
Mesopotamia, ouvrage trilingue, français, anglais, arabe, est un témoignage de gratitude envers les Irakiens pour « ce qu’ils ont offert à l’histoire de l’humanité depuis l’Antiquité » (p.18). L’ayant superbement illustré, M. Maguesyan consacre aussi cet ouvrage aux Irakiens chrétiens qui étaient au nombre de 1, 2 million en 1991, devenus 150.000 et à leurs compatriotes yézidis dont le monde entier a suivi le calvaire. Le patrimoine architectural de ces deux communautés est présenté également par M. Charles Personnaz, Directeur de l’Institut National du Patrimoine, auteur en juin 2018 du Rapport remis au Président de la République sur le Renforcement de l’Action française dans la protection du Patrimoine du Moyen-Orient et le Soutien au Réseau éducatif des Communautés chrétienne. En 2017, le Sénat ouvrit un Centre de conservation des manuscrits orientaux le Beit Gazo dans le couvent syriaque de Charfeh au Liban (p.246).
Parmi les peuples locaux, les Juifs, déportés en Mésopotamie en -722 y ont conservé les tombes de leurs prophètes, Jonas à Mossoul et Nahoum à Alqoche (p.20). 2/3 de l’Ancien Testament ont été rédigés en Mésopotamie (p.214). Le Yézidisme, rameau du mazdéisme comme l’indiquent les dômes coniques à arêtes multiples qui coiffent les mausolées yézidis et représentent les rayons du soleil (p.91), a érigé les sanctuaires de Cheikh Charafeddine à Rachidiya (p.84), du Cheikh Adi du XIIe siècle à Lalech (p.91), du Cheikh Mand (p.89) à Aïn Sifni, du Sultan Ezid, restauré en 1990 (p.100) à Mahed, de Chamseddine, (p.104) à Bozan. Le Pr. Ch. Cannuyer décrit l’apocatastase yézidie, ou l’Amour divin en marche vers le Bien final (p.246). En 2014, les Yézidis, piégés par les miliciens de Daech dans le Jebel Sinjar sont exécutés ou réduits en esclavage et fuient au nombre de 600.000 (p.77). 95% des sanctuaires yézidis furent alors détruits (p.242). Aujourd’hui, les Kurdes les chassent de leurs terres. Les Ottomans en 1638 conquièrent Bagdad avec un régiment arménien. Ces soldats chrétiens obtinrent alors de construire une église dédiée à Sourp Asdwadzadzin, qui a été reconstruite en 1970 (p.222). Au début du XXe siècle, des Arméniens fuyant le génocide s’installèrent le long de la voie ferrée Alep-Mossoul-Bagdad. En 2003, les Arméniens vivant en Irak étaient au nombre de 25.000 ; ils ne sont plus que 10.000 en 2018 (p.167).
Église locale, l’Église Apostolique assyrienne de l’Orient a établi son siège à Ctesiphon-Séleucie, 30 km au sud de Bagdad ; il y demeura de 310 à 780 puis fut transféré à Bagdad (p.236). Les fidèles furent appelés Assyriens par référence à l’antiquité. En 1915, 150.000 Assyriens résistent au Hakkari aux hordes turques et kurdes et fuient vers l’Iran. De 1961 à 2003, ils subirent comme les Kurdes les bombardements du régime de Bagdad (p.173). A Bakhtémé, leur église Mar Guorguis est bâtie sur un ancien couvent (p.176). A Déré, proche d’Amadiya, le couvent Mar Audicho et Mar Qardagh a été reconstruit en 1995 (p.180). En 1552, des évêques assyriens contestent la succession héréditaire des Catholicos et élisent à Mossoul Youhannan Soulaqa, consacré par le Pape Jules III en 1553 comme Patriarche de la nouvelle Église catholique appelée chaldéenne. Bagdad a deux belles églises chaldéennes, Oum El Ahzan (Mère des Douleurs) en briques cuites construite en 1843, restaurée en 2015 (p.226) et la cathédrale Mar Youssef, construite en 1956, restaurée en 2018 (p. 232). En 1662, est sacré à Alep le premier Patriarche syriaque catholique, Mgr Ignace André Akhjian. Le 31 octobre 2010, l’attentat contre la cathédrale Sayidat Al Najat (N.D. du Perpétuel Secours) de Bagdad a contribué à l’exode de la communauté syriaque catholique qui comptait dans la capitale en 2010, 14.000 familles et n’en compte plus que 1.000 (p.221). Le couvent Mar Behnam à 35 km au sud-est de Mossoul date du Ve siècle ; il fut rénové en 1164 et 1955. Daech saccagea les hauts-reliefs en 2014 et fit imploser le mausolée du Saint.
Mossoul accueillit des Capucins en 1636, des Dominicains italiens en 1750, suivis par leurs frères français au XIXe siècle, qui construisirent l’église Notre Dame de l’Heure (1875), surmontée d’une horloge à 4 cadrans offerte par l’Impératrice Eugénie en 1881. Parmi les nombreuses églises anciennes, la syriaque orthodoxe Mar Touma érigée au VIIe siècle, restaurée en 1744, dotée d’une magnifique Porte Royale en marbre, saccagée par Daech (p.130), les syriaques catholiques Mar Touma, de 1863 qui possède un autel surmonté d’un baldaquin et Al Tahira (La Vierge) restaurée en 1744, détruite par Daech (p.142) prolongée au XIX e siècle par une nouvelle église, la chaldéenne Al Tahira Al Tahtaniyya reconstruite en 1744, siège de l’archevêché chaldéen, transféré à Erbil. Mgr Najib Mikhaïl y a été sacré le 27 décembre 2018. Daech avait investi Mossoul le 9 juin 2014, expulsé les chrétiens le 17 juillet et massacré les Yézidis et les Chiites.
La capitale culturelle des Syriaques catholiques est dans la plaine de Ninive à Bakhdida / Qaraqoch à 30 km au sud-est de Mossoul. Ses 50.000 habitants durent fuir à Erbil le 6 août 2014 pour échapper à Daech (p.35), qui a incendié les églises, Mar Behnam et Mart Sarah, construite de 2005 à 2008 sous la forme d’une « tente de la fraternité » (p.45), Mar Guorguis, syriaque orthodoxe, ancienne du VIIe siècle, restaurée en 1866, remplacée par un édifice moderne (p.54). Le célèbre couvent de Mar Matta (Saint-Mathieu), situé sur le Mont Maqloub (817m. d’altitude), à 38 km nord-est de Mossoul, a été fondé en 363. Il demeura longtemps le siège du patriarcat de l’Église Syriaque orthodoxe, régulièrement assailli par les Kurdes. A proximité, Karamles dont le couvent Mart Barbara servit de première église chaldéenne, restaurée de 1997 à 2009, transformée en base militaire par Daech (p.60). Bartella (p.63) est la capitale des Syriaques orthodoxes ; l’église Mart Chmouni, fut reconstruite en 1869 et 1922, incendiée par Daech ; l’église Mar Guorguis construite sur un ancien couvent en 1934, possédait une riche bibliothèque et un musée local, incendiés par Daech (p.72). Alqoche était célèbre pour ses monastères, ses Écoles de copistes, d’enlumineurs. Le Monastère de Notre Dame des Moissons, construit au milieu du XIXe siècle, dispose d’une belle église abbatiale (p.112). Rabban Hormez (Le moine Hormez) a donné son nom au monastère du VIIe siècle, à 815 m. d’altitude, à 40 km de Mossoul, et fut longtemps le siège du Catholicos de l’Église d’Orient (p.108), souvent dévasté avec sa bibliothèque célèbre pour ses manuscrits par les voisins kurdes en 1842, en 1850. Fechkhabour, sur le Tigre et le Khabour, abrite en 2018, 150 familles chaldéennes. L’église Vierge Marie Protectrice des Semences a été reconstruite en 2007 sur une église mononef du VIIe siècle (p.185 et 188).
Plusieurs villes du Kurdistan irakien disposent d’édifices chrétiens. A Aïnkawa, faubourg chrétien d’Erbil, capitale du Kurdistan irakien, l’église Mar Guorguis rassemble les réfugiés chrétiens de Mossoul et de la Plaine de Ninive (p.158). Dehok/Nouhadra, situé à 75 km au nord de Mossoul, avait en 1918, une population presque entièrement chrétienne. L’église Mar Ith Alaha (« Dieu est ») datait du VIIe siècle ; elle a été recouverte par une église en béton. (p.164). Aqra a accueilli de nombreux chrétiens venant de Bassorah, de Bagdad et de Mossoul. La cathédrale Mariam Al Adra a été reconstruite en 1955 (p.183). Les chrétiens de Zakho, en 1960, constituaient ¼ de la population ; il en reste 1%. L’église Mariam Al Adra (Vierge Marie) a été rénovée en 2015 et abrite un petit musée (p.191). A Suleymaniyé, l’église Mariam Al Adra (1862) abrite la communauté Al Khalil du Père Paolo Dall’Oglio. Kirkouk, avec ses 5000 Chaldéens, dispose d’une Église martyrium Tahmazgerd, de 470, d’une église adjointe en 1933 (p.207), de l’ancienne cathédrale Umm Al Ahzen (N.D. des Douleurs) de 1962 (p.210) et de la nouvelle du Sacré Cœur de 2001 au style agrémenté de merlons.
Ce superbe album bénéficie d’utiles compléments comme un tableau historique indiquant les régimes successifs de l’Irak depuis l’antiquité (p.11), la carte des emplacements de 20 sanctuaires yézidis très peu connus (p.85), un précieux index des monuments par communauté (p.240) et les cartes des provinces.
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