Des racines coloniales du racisme

Auteur Alain Ruscio
Editeur Les Indes savantes
Date 2020
Pages 145
Sujets Racisme dans le langage
France

Histoire
Cote 63.553
Recension rédigée par Jean Nemo


J’avais rendu compte, dans mes archives personnelles, d’un ouvrage du même auteur, bien plus ancien, de 1987, « La Décolonisation tragique – Une histoire de la décolonisation française, 1945-1962 ». Point n’est besoin de préciser que le dernier titre « annonce la couleur », selon laquelle l’histoire de cette décolonisation « à la française » était « tragique ». Citons pour faire bon poids deux phrases des conclusions de cet ouvrage ancien : « Qui ne comprend, par exemple, que certaines manifestations du racisme sont un héritage empoisonné de ces guerres coloniales ? » et « Elle fut aussi un crime contre la nation française ».

 C’est un autre sujet qu’il est traité ici, moins tragique ou presque, celui « du racisme à la française ». Mais tout d’abord, quelle est la « couleur » politique de l’auteur ? Les titres des deux ouvrages cités peuvent laisser subsister un doute à ce sujet. Voyons-en ce qu’il en est.

Tout d’abord, une très récente démarche d’Alain Ruscio auprès du président Macron pour faire la lumière sur « l’affaire Audin », de sinistre mémoire. Puis une information « de type » biographique : Alain Ruscio s'est intéressé à l’Indochine coloniale et à la phase finale de cette histoire, la guerre d’Indochine (1945-1954) dont sa thèse de doctorat en histoire, soutenue à l'Université Paris-I en 1984.

De 1978 à 1980, il est journaliste correspondant de presse de l’Humanité au Vietnam et au Cambodge. De cette connaissance du terrain en historien et comme journaliste, il témoigne dans ses ouvrages consacrés plus tard au général Giap et à la chute de Phnom Penh en janvier 1979.

Il dirige un Centre d’information et de documentation (CID) sur le Vietnam contemporain, qui a comme fonction de collecter, de classer et de mettre à la disposition du public une masse importante de documents de toutes provenances, en langues vietnamienne, française, anglaise, russe, italienne, etc...

Cette présentation de l’auteur, terminée, « chercheur indépendant » selon la 4ème de couverture, intéressons-nous à l’ouvrage remis en perspective. Les « insultes racistes » vont d’Arabe, à Vi(ets), en passant les Bougnoules, les Moukères, les Fatmas, les Congaïs et autres Fellouzes ou Fellagas, Melons et Nègres, pour ne pas oublier les Nha Qué.

Le rédacteur de la présente note de lecture ne cache pas s’être bien amusé en parcourant cet ouvrage, il a le souvenir d’avoir encore entendu des injures « racistes », lorsqu’il était plus jeune et qu’il parcourait le vaste monde, de l’Afrique du nord à la Nouvelle-Calédonie…

Il attend donc avec impatience de lire, du même auteur et chez le même éditeur, les trois volumes déjà parus de l’Encyclopédie de la colonisation française, s’ils ont été envoyés à l’ASOM, d’en rendre compte en souriant moins qu’ici…

Une anecdote cependant : dans une autre existence, j’avais eu l’occasion de déranger sous sa tente un indigène, comme l’on disait autrefois. Je bredouillais plus ou moins un arabe dialectal et j’avais cru entendre « Khruia, laisse-moi dormir ». En feuilletant l’ouvrage sous revue, j’avais oublié que « mon frère » avait été mobilisé pour donner le mot fort insultant de « crouille ». Raison de plus pour le lecteur suffisamment âgé pour parcourir ce « petit dictionnaire ». 

 


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