Art et invention de soi aux Antilles

Nous connaissions déjà, avec un certain enthousiasme, les ouvrages de Samia Kassab-Charfi, depuis la parution de la Rhétorique de Saint-John Perse en 2008. Voilà un nouveau document à privilégier, portant sur la littérature des Antilles. Il y a là une mine de données culturelles, une connaissance hors pair des auteurs de ces îles, dans une présentation de grande netteté et une analyse de grande profondeur. Si deux auteurs sont principalement explorés, à savoir Édouard Glissant et Patrick Chamoiseau, on trouve bien un ensemble essentiel sur la littérature du pays, à travers l’Histoire, les données de mémoire autant que les « traces » ou éléments qui constituent un retour explicatif de l’identité, bref un « art et invention de soi ».

5 parties et 21 chapitres composent cette prestigieuse évocation et sont suivis d’une imposante bibliographie et d’index fort bien présentés. Les titres donnent déjà l’orientation du contenu :

I-Fictions historiographiques et implantation de la parole – II-Paysages et tracées : les tremblées du lieu – III-Entropies heureuses : insularité et relation – IV-Archipels du sens : poétiques en dialogue – V-Anthropologie et art : épreuves sémiotiques.

L’auteur avec aisance étudie les facteurs géographiques et historiques, montre combien les écrivains sont souvent des artistes, pour qui la représentation rejoint l’écriture. On découvre aussi tous les liens qui créent cette référence à une communauté toujours en marche : des intertextes comme Faulkner pour Glissant ou Defoe pour Chamoiseau, tout ce qui constitue des marques et la recherche d’une identité.

Ainsi recherche et invention de soi, cette grande question inhérente à l’histoire des Antilles se trouve analysée avec une particulière maîtrise, riche et convaincante. On s’y promène comme à travers ces îles pleines d’attraits… Et on y revient à l’envi !