Auteur | Christine Chaillot |
Editeur | L'Harmattan |
Date | 2020 |
Pages | 215 |
Sujets | Église assyro-chaldéenne Église apostolique d'Orient Histoire |
Cote | 63.747 |
L’auteure, en précisant que son livre est une introduction à l’histoire et à la géographie de l’Église de l’Orient, nous rappelle que cette Église chrétienne, la moins connue des Églises orientales, mena une évangélisation le long de la Route de la Soie jusqu’en Chine dès le VIIe siècle et elle en souligne le lien avec l’Église assyrienne réfugiée aux Kurdistans turc et irakien à partir du XVe siècle. Comme l’assure Barhaebraus (1226-1286) dans son Livre de la Colombe « J’ai compris que toutes les communautés chrétiennes, avec leurs différentes positions christologiques, ont un terrain d’entente commun sans aucune différence », le livre de Christine Chaillot, dit Sébastien Brock dans la préface, permettra « de remédier à la méconnaissance générale de la vénérable Église de l’Orient » (p.10). Pour cette Église, qui n’accepte pas le Concile d’Ephèse, le Christ est pleinement Dieu et pleinement homme sans division ni mélange (p.29). Néanmoins, en 1994, un accord avec Rome fut conclu sur la notion de « Christotokos » (p.30).
L’Église de l’Orient prend naissance sous la dynastie parthe des Arsacides (-297 à + 224) lorsque Thomas, Thadée, Azzaï et Mari évangélisent la Mésopotamie (p.22). Elle se développe sous les Sassanides perses (224 à 637) et s’organise dans leur capitale, Séleucie, malgré les persécutions (p.25) puis sous les dynasties arabes, en particulier abbasside (750-12) dans les capitales successives de cette dynastie, Ctesiphon puis Bagdad. En 893, cette Église s’étend sur 80 diocèses et au début du Xe siècle regroupe 2 millions de fidèles (p.39) au Yémen à Socotra, à Hormez en Iran, au Qatar (p.51), à Kashgar (p.72). En 1348, l’historien Amr énumère les 27 provinces métropolitaines entre Jérusalem et la Chine (p.46).
C’est la conquête mongole (1206-1368) qui la réduira au périmètre kurde turco-irakien (p 11) ; la dernière tombe chrétienne au Kirghizstan date de 1345 (p.80).
Ce sont alors les années sombres entre 1318 et 1552 (p.41). Bagdad demeurera le siège du Patriarche jusqu’à son transfert à Maragha et à Mossoul (1335-1450) puis à Gazarta dans le sud-ouest de la Turquie avant qu’il ne s’installe au monastère de Rabban Hormez, à 51km au nord de Mossoul avec la lignée des Patriarches Eliya (p.42). Quant à l’autre lignée héréditaire (d’oncle à neveu) des Shimoun, elle s’installa à Qotchanès, à 20 km au nord-est de Hakkari de 1600 à 1918. Banni par le Gouvernement irakien, le dernier Patriarche Shimoun XXI Eshaï (1920-1975) s’exila à Chicago en 1940 (p.140). Le Patriarche actuel Giwarguis III Sliwa, intronisé à Bagdad en déplaça le siège, en 2015, à Erbil capitale de la région autonome Kurde de l’Irak (p.43).
A partir du XIXe siècle, on utilise le terme « Assyrien » (p.14) pour désigner les fidèles de l’Église de l‘Orient. Le début du XXe siècle fut marqué par des massacres des communautés assyriennes en Turquie à partir de 1915 (p.130), dans l’Azerbaïdjan iranien en 1920 (p.137), puis en Irak à Simélé en 1933 (p.138). D’où une expatriation hors du Moyen-Orient dans tous les continents. On trouve des communautés assyriennes (p.156) en Europe (20.000), en France particulièrement à Marseille et à Sarcelles, en Russie (50.000), aux États-Unis (80.000), en Australie (30.000). Au début du XXIe siècle, l’Église de l’Orient pourrait compter environ 460.000 fidèles (p.151).
Les Chaldéens (leur nom leur fut donné par Rome) sont les Assyriens ayant reconnu leur appartenance à l’Église catholique mais en conservant leur rite d’origine. Mgr. Sulaqa fut le premier Patriarche à innover cette relation avec Rome en 1533 (p.43). Le patriarcat chaldéen s’installa au Couvent Rabban Hormez en 1804. En 1846, le Gouvernement Ottoman reconnut officiellement l’Église chaldéenne comme « millet », communauté religieuse (p.43). La monarchie irakienne (1921-1958) nomma le Patriarche chaldéen comme Sénateur à vie.
L’auteure apporte une attention particulière à la place des premières formes de christianisme en Chine, bien avant la venue des Pères Jésuites en 1582 (p.93), d’ailleurs constatée par Marco-Polo lors de son séjour de 1271 à 1293 (p.92). Le Christianisme fut appelé par les souverains chinois « Religion lumineuse ». Une stèle en pierre, datant de 781, découverte en 1625, dans les environs de Xian, ancienne capitale de la Chine, rappelle en chinois et en araméen l’existence d’un grand monastère de l’Église de l’Orient (p.86) ; elle avait été enterrée en 845. Cette Église patriarcale se fera connaître en Europe avec le Patriarche Yahballaha III (1281-1317), qui envoya en mission le moine Sauma en Europe. Sauma fut reçu par l’Empereur byzantin Andronicus II Paléologue à Constantinople, le roi de France Philippe IV le Bel, le roi d’Angleterre Édouard Ier, le Pape Nicolas IV (p.110). Le but secret de la mission qui était d’unifier les forces mongoles et européennes contre les Arabo-musulmans ne se concrétisa pas. Les Mongols allaient passer à l’islam et la nouvelle dynastie chinoise Yuan expulsera les chrétiens en 1368 (p.76).
Les lecteurs apprécieront en plus de la qualité de l’information historique, les éléments bibliographiques disposés pour chaque chapitre (p.173-208), les éléments chronologiques du IIe millénaire avant J.C. jusqu’à l’élection du Patriarche Giwarguis en 2015 (p.209 à 215) et les cartes régionales (p.218-219).