Auteur | Pierre Genty de Bussy |
Editeur | Slatkine Érudition |
Date | 2020 |
Pages | 652 |
Sujets | Algérie 1830-1857 (Conquête française) |
Cote | 63.676 |
Pierre Genty de Bussy (1793-1867) représente un de ces fonctionnaires dont la carrière aurait pu retenir Balzac : brièvement soldat sous l’Empire, il entra ensuite au Conseil d’État, puis devint intendant militaire, et enfin fut élu député de 1844 à 1848. Son autorité en matière algérienne reposait sur l’exercice de fonctions importantes, puisqu’il avait assumé pendant plus de deux ans (juin 1832-septembre 1834) les fonctions d’intendant civil, ce qui en faisait le deuxième personnage de la colonie derrière le gouverneur (successivement les généraux Rovigo, Avizard et Voirol). Son bilan fut considéré avec faveur selon les conceptions de l’époque, dans la mesure où il s’efforça de régulariser et de moraliser (non sans un état d’esprit parfois excessivement bureaucratique) les rouages de la nouvelle colonie. Il fut, entre autres, le fondateur du célèbre Jardin d’Essais d’Alger, et l’initiateur des premiers villages de colonisation, dans les environs immédiats du chef-lieu de la colonie. Il se prononça aussi vigoureusement en faveur de l’administration des populations autochtones par l’armée.
Le livre de Genty de Bussy constitue un des meilleurs témoignages des débats sur l’avenir de l’Algérie qui agitèrent une partie des décideurs français dans les premières années de la Monarchie de Juillet, singulièrement lors des travaux des deux « Commissions d’Afrique » (juillet 1833-mars 1834). Le texte, qui a fait l’objet de plusieurs éditions entre 1834 et 1839, se compose d’un mémoire rédigé par Genty, complété par quantité d’analyses tirées des dossiers de ce haut fonctionnaire, sur des sujets aussi divers que l’ethnographie, le droit musulman, les principales personnalités algériennes (et notamment l’émir Abd el-Kader). On y trouvera d’abondantes données chiffrées, notamment financières et commerciales. Au total, il constitue une remarquable synthèse des connaissances réunies par les administrateurs français sur la colonie. L’ensemble se veut enfin une défense de l’entreprise algérienne, comme l’atteste avec vigueur la formule qui clôt son livre : « Oui, la France a intérêt à garder, et par conséquent à coloniser Alger !!! ».
L’édition de 1839 qui sert de base à la présente réédition est précédée d’une présentation de Claude Bontems, qui reconstitue avec précision le parcours algérien et les démêlés de Genty de Bussy dans le milieu colonial algérien (en omettant cependant le fait que Genty entretint, au moins à partir de 1838, une correspondance assidue, et très amicale, avec le maréchal Bugeaud)[1].
La publication a été enrichie de variantes, de développements et de documents empruntés à des éditions antérieures, mais aussi d’un certain nombre de pièces additionnelles tirées de sources archivistiques. L’ensemble, impeccablement présenté, aboutit à un texte de près de 350 pages augmenté de près de 300 pages d’annexes.
Au total, cet ouvrage, qui s’ajoute aux incontournables Annales Algériennes du capitaine Edmond Pellissier de Reynaud (1827 et 1854), rééditées en 2013 par le même éditeur, également par les soins de Claude Bontemps, est indispensable à toute réflexion approfondie sur les débuts d’une aventure engagée et poursuivie de manière irréfléchie, et dont la France n’a pas fini de payer les conséquences tragiques.
[1] Lettres inédites du Maréchal Bugeaud duc d’Isly (1808-1849) Colligées et annotées par M. le Capitaine Tattet et publiées par Mademoiselle Feray-Bugeaud d’Isly, Émile-Paul, 1923.