Auteur | Franck Michelin |
Editeur | Passés composés |
Date | 2019 |
Pages | 317 |
Sujets | Viêt Nam après 1945 Guerre d'Indochine (1946-1954) Guerre mondiale (1939-1945) Campagnes et batailles Pacifique (océan) Japon Forces armées Indochine française |
Cote | 62.607 |
Avec cet ouvrage, l’auteur illustre avec brio dans un ouvrage passionnant comment un travail de thèse peut devenir un vrai livre d’histoire qui sera désormais la référence incontournable pour les chercheurs qui aborderont l’étude des prémisses de l’engagement du Japon dans la seconde guerre mondiale. Le professeur Barjot le confirme dans la préface en affirmant que cet ouvrage fera date par son originalité et sa rigueur scientifique.
La démarche de l’auteur repose sur une analyse détaillée au pas à pas des archives françaises et des archives japonaises. Les rôles de chacun des adversaires apparaissent nettement dans les échanges permanents entre le Japon et le régime de Vichy, sans négliger les interférences jouées par les États-Unis et la Grande-Bretagne.
La pénétration puis l’envahissement des Japonais dans l’Indochine française démarre, nous l’apprenons, dès la fin de septembre 1940. Ce véritable protectorat de fait s’achèvera en 1941 par la prise de contrôle japonaise du sud de l’Indochine, préalable nécessaire à l’attaque des possessions britanniques et néerlandaises.
Les luttes de clan au sein même du Japon entre armée de terre et marine, le rôle de l’Empereur mais également l’hésitation entre une certaine alliance envisagée avec l’URSS basée sur la foi dans la solidité du pacte germano-soviétique sont peut-être des leurres vis-à-vis de l’opinion internationale. La politique japonaise apparaissant nettement comme celle d’une conquête vers le sud correspondant à un rééquilibrage perçu comme indispensable vis-à-vis du poids de la puissance économique américaine. Ces nouvelles possessions territoriales et économiques une fois acquises, notamment en matière pétrolière, l’épisode Pearl Harbor pourra être décidé.
Ce remarquable ouvrage s’inscrit totalement dans le devenir actuel de cette nouvelle Asie du Sud-Est et notamment le Vietnam. Doit-on rappeler que le Japon vaincu assura la sécurité civile en Indochine jusqu’à l’arrivée des troupes alliées britanniques et chinoises et que c’est devant ces troupes japonaises qu’Ho Chi Minh proclama l’indépendance du Vietnam en 1945 ?
On mesure grâce à cette analyse détaillée combien la présence française en Indochine fut en quelque sorte un quasi fantasme de pouvoir entre 1940 et 1944 que la prise de pouvoir violente des Japonais le 9 mars 1945 vint briser comme une porcelaine.
En résumé, nous sommes contraints de constater que si le japon dans son action impériale a façonné le Sud-Est de l’Asie, ses propres choix politiques vis-à-vis de l’URSS et de la Chine l’ont par ailleurs contraint, une fois la guerre achevée, à un partenariat politique et économique renforcé avec les États-Unis.
Je souhaite à tous ceux qui savent que désormais l’avenir du monde se joue en premier lieu dans le Pacifique de lireet suivre de très près la démarche du Japon dont le but principal était celui d’un impérialisme asiatique partagé. Le résultat aujourd’hui, avec le rôle prédominant de la Chine, ne semble visiblement pas correspondre aux désirs de l’empire du soleil levant en 1940.