Les Natchez : une histoire coloniale de la violence

Recension rédigée par Guy Lavorel


Depuis Chateaubriand, on connaît la tribu des Natchez à travers son roman inspiré par l’intérêt porté aux Indiens d’Amérique depuis le XVIIIe siècle. On y a découvert des épisodes violents qui ont frappé les relations avec les Français, attaques sanglantes des Natchez et représailles destructrices des Français, avec le style incomparable de l’auteur d’Atala… Mais ici c’est un historien qui veut faire la clarté et donner la vérité sur ces événements qui ont secoué les exégètes par leur intensité. Et pour bien comprendre, il faut pénétrer dans la profondeur de la vie de ces peuplades amérindiennes, au-delà d’une vision restrictive et d’un contexte simplement colonial, en comprenant mieux les rites, les coutumes, par une étude plus ethnographique et désireuse d’authenticité.

C’est donc une analyse minutieuse, qui fait appel à une multitude de sources écrites, mais aussi orales, car la tradition a su les maintenir. L’ouvrage comprend un corpus de 394 pages, auxquelles s’ajoute une somme de plus de 200 autres pages consacrées aux notes, à une imposante bibliographie, une chronologie, un index et des cartes, soit un ensemble particulièrement riche et documenté. On trouve donc quatre parties, divisées elles-mêmes en livres :

Livre I : La rupture d’une alliance, qui évoque le massacre de Chaouacha, présente une      meilleure connaissance des Natchez, et une histoire du voisinage, avec ses aléas.

Livre II : La mort contagieuse (28 novembre 1729), étudiant « meurtres et captivité » et l « autopsie du coup », avec révolte et guerre civile

Livre III : Les voies de l’exil, avec le renvoi à deux guerres, la guerre de Perier et la guerre de Bienville

Livre IV : Déportation et invisibilisation (De la naissance des États-Unis à nos jours) avec comme parties « D’un traumatisme à l’autre » et « La permanence d’un peuple ».

Ce livre, fruit d’une thèse particulièrement fouillée, est une mine de renseignements sur ce peuple. C’est un document d’une valeur essentielle, où l’auteur n’a rien négligé, voulant que la vérité historique soit assurée par son analyse ethnographique. On ne peut que rendre hommage à ce chantre d’un peuple amérindien mal connu, car apprécié sur de éléments superficiels.