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Le trésor des Mandingues

Auteur René Zahnd
Editeur Herodios
Date 2024
Pages 328
Sujets Littérature de voyage
XXIe siècle
Cote
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Recension rédigée par Yves Boulvert


Au cours de trente années de pérégrinations en Afrique Occidentale et Centrale préalables à l’observation et à l’étude des milieux naturels de ces régions, encore trop souvent mal connues, et à l’élaboration de diverses cartes thématiques, il m’est arrivé de recouper des itinéraires d’explorateurs européens du XVIIIe au XXe siècle. Ainsi avais-je la possibilité de cerner leurs apports à nos connaissances, de préciser leurs parcours, et de percevoir parfois d’éventuelles erreurs ou même quelques supercheries. C’est dans cet état d’esprit que j’ai été attiré par le sous-titre de l’ouvrage de René Zahnd, journaliste écrivain : « Le Trésor des Mandingues, En Afrique, sur les traces de l’explorateur Mungo Park et de quelques autres … »

            Dans l’actuel Mali, les Mandingues constituent un peuple réputé bâtisseur d’Empires. De nos jours, certains rêvent encore au Trésor du roi Manza Musa qui, au XIVe siècle, accomplit le pèlerinage à La Mecque en distribuant, en Égypte notamment, des sachets d’or. Quant à Mungo Park, il fut le premier, à la fin du XVIIIe siècle, à atteindre le fleuve Niger, à Ségou, en partant de la Gambie. Revenu sur le terrain en 1805, il se lança sur une « pinasse » avec l’objectif de descendre ce mystérieux Niger mais il disparut dans les rapides de Boussa, à l’Ouest de l’actuel Nigeria.

            Selon l’auteur, deux amis imaginent que Mungo Park aurait poursuivi sa route vers le Nord, cette fois-là, avec le Trésor de Manza Musa et qu’il reposerait au nord du Mali, dans l’Adrar des Ifoghas. L’un de ces aventuriers, bibliophile, transmet les informations acquises à son ami François qui, lui, est ignorant de l’Afrique. Il s’envole pour Bamako avant de descendre la vallée du Niger via Ségou, Djenné, Bandiagara et le pays Dogon puis Mopti et Tombouctou. Mais, en ce début du XXIe siècle, le nord du Mali se déchire entre une rébellion Touarègue et des incursions djihadistes qui obligent François à interrompre son périple.

            Le récit de cette découverte de la terre africaine se lit facilement. L’auteur utilise des sources écrites connues comme Ibn Battuta, René Caillé, Blaise Cendrars, F. Dubois, A. Konaré, Michel Leiris, Théodore Monod, Lamine Senghor … mais apporte peu à la connaissance des milieux naturels et des hommes. Il relate son expérience de l’Afrique.

Il y a peu encore, Tombouctou conservait des trésors manuscrits, protégés par la sécheresse au fond de cantines ensablées, mine d’informations écrites qui ne pouvaient qu’élargir la connaissance des siècles passés. Il y avait là un travail considérable à faire de recension, de préservation, de traduction … Mais la guerre est venue menacer ce patrimoine.

René Zahnd, dans son récit, se fait, malgré les vicissitudes, l’écho de la force attractive du « trésor des Mandingues ».