Appel à communication : Colloque international « Ce que compter veut dire en situation impériale et coloniale »
Appel à communication colloque
12 et 13 décembre 2024
Colloque international
Ministères économiques et financiers Paris Bercy
Ce colloque entend ouvrir à nouveaux frais le dossier des approches comptables et statistiques produites en contexte impérial et colonial (cartes thématiques, enquêtes, séries statistiques etc.) pour en tirer toutes les informations qu’elles sont susceptibles de fournir sur les sociétés et les situations qu’elles sont censées éclairer. En tenant compte des nombreux acquis historiographiques, des critiques des différents éléments chiffrés utilisés, de leurs visées racialistes et normatives, il s’agit autant de s’intéresser aux conditions de leur production, qu’elles soient visibles (enquêteurs) ou invisibles (interprètes, élites villageoises), que d’analyser les réactions à leur production, à leur diffusion ou de préciser les attentes des commanditaires et les usages auxquels ils donnent lieu. Le colloque entend favoriser le croisement des échelles mobilisées par les différents supports de ces éléments comptables, partant des individus et jusqu’aux relations entre les administrations ou les entreprises coloniales et la Métropole.
Les histoires d’enquêtes et d’enquêteurs menées au plus près du terrain, celles des résistances ouvertes ou à bas bruit qu’elles suscitent, celles des initiatives lancées pour améliorer les représentations comptables et statistiques et de leurs limites permettront à la fois de mieux évaluer les écarts entre la rationalité apparente des support utilisés et les situations coloniales effectives, de pointer les marges de manœuvre et capacité d’adaptation d’acteurs (agency) souvent considérés comme passifs, d’examiner leur impact sur les institutions, les entreprises ou les sociétés qui les produisent et réciproquement l’effet de ces organismes sur les chiffres (réflexivité).
L’omniprésence des éléments comptables dans les empires ouvre des perspectives de comparaison et doit permettre aussi de penser les circulations inter impériales d’acteurs, de modèles et de pratiques. À cet égard, la production et la diffusion des expertises chiffrées et/ou cartographiques par certaines organisations internationales pourront également être soulignées.
Le colloque est volontairement ouvert à toutes les dimensions comptables, bien au-delà des statistiques démographiques qui sont souvent mieux connues que les autres. Seront ainsi largement pris en compte les éléments comptables, du travail, de la production, des prix, etc. ; cette liste n’étant pas exhaustive.
Ce colloque marquera le milieu du parcours de l’ANR Cocole (ANR-21-CE41-0012) « Compter en situation coloniale. Afrique française XIX-XXe s. » dont il élargira les horizons géographiques et chronologiques. Les propositions de communication capables de réinsérer le moment colonial dans les périodes qui le précèdent ou le suivent, pour analyser les continuités et les ruptures ainsi que les conséquences de ces éléments comptables et statistiques seront donc également bienvenues.
Les seules exigences des organisateurs et organisatrices, outre la thématique retenue, sont des travaux inédits et basés sur des sources (archives, enquête orale, etc.).
Partant du constat que ces éléments comptables existent malgré leurs lacunes incontestables, que leur production a mobilisé différentes parties prenantes et a été financée, le colloque entend mieux comprendre le contraste entre l’abondance et la grande diversité de ces éléments en contexte impérial et colonial (cf. la précision et le volume des Blue Books britanniques, la boulimie de données chiffrées de certains gouverneurs et administrateurs belges et français, le volume de la documentation chiffrée officielle et officieuse sur les empires) et leur insuffisance. Ce faisant il espère aussi attirer des étudiants, et particulièrement des historiens, vers un objet qu’ils tentent le plus souvent de contourner.
Les propositions pourront privilégier plusieurs points :
– Ce que la fabrication des chiffres nous apprend de la relation coloniale, de la nature et du rôle des intermédiaires qui interviennent dans les enquêtes, des transformations des modalités de la colonisation, du rôle effectif ou non de l’administration des colonies ainsi que de ses héritages après les indépendances ;
– Ce que les éléments comptables et leurs silences ou les catégories qu’ils contribuent à sédimenter ou à construire tronquent, ne disent pas ou disent mal et la façon dont ils dessinent l’image de la colonie, la construction de l’illusion statistique et comptable et l’analyse de ses conséquences ;
– La façon dont ils influencent les sociétés qu’ils sont censés représenter ou les entreprises dont ils sont censés décrire la situation, et comment ces sociétés et entreprises les modèlent en retour ;
– Un questionnement sur les spécificités des éléments comptables fabriqués en situation coloniale par rapport à ce que l’historiographie dit des productions de données en Europe ou ailleurs.
Plus largement, tous les travaux interrogeant de façon critique la production et l’usage des éléments comptables en contexte colonial sont bienvenus.
Langue de travail : français et anglais
La proposition comprendra
un résumé d’environ une page (hors bibliographie), un titre, une problématique et les matériaux sur lesquels elles reposent. Une brève notice biographique (une quinzaine de lignes indiquant la dernière publication) et cinq mots clés représentatifs de la proposition soumise sont également attendus.
Les organisateurs ne prendront en charge que les frais des intervenants dont les institutions n’ont aucun moyen de financement. Les participants sont vivement incités à se tourner vers leurs institutions pour demander un soutien.
Un format hybride, en présentiel et, pour éviter de trop longs trajets quelques communications à distance, est envisageable.
Échéancier
Proposition à soumettre pour le 20 juin 2024, réponse 15 juillet 2024.
Résumé définitif à renvoyer pour le 30 novembre
Comité scientifique
S. Coghe (U. Gand), X. Daumalin (U. Aix-Marseille), B. Fall (Directeur de l’IEA de Saint-Louis du Sénégal, coordonnateur du réseau IRN COUNT), O. Feiertag (U. Paris 1), A. Lacroix (U. Nanterre), A.Mukhopadhya (U. Kent), B. Piret (Archives de l’État-UCL, Belgique), E. Sibeud (U. Paris 8) et B. Touchelay (U.Lille)
Renseignements et dépôt des propositions
beatrice.touchelay@univ-lille.fr (en objet « colloque CHIFFRES décembre 2024 »)
Carnet de recherche : https://chiffrempire.hypotheses.org/